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Le lymphome hodgkinien

Une maladie encore mystérieuse

DEUX PICS D'INCIDENCE

La courbe d'incidence de la maladie présente deux pics ce qui tend à indiquer qu'il pourrait s'agir d'un syndrome découlant de deux origines étiologiques dépendantes de l'âge.
Exceptionnelle chez l’enfant, l'incidence de maladie de Hodgkin présente une augmentation rapide à l'adolescence et un pic à l'âge de 25 ans.
Cette augmentation est suivie d'une baisse de l'incidence qui se termine par un plateau à l'âge moyen, après quoi les taux augmentent avec l'âge pour atteindre un second pic, après 50 ans.

POURQUOI DEUX PICS ?

Le virus d’Epstein Barr (EBV) responsable de la mononucléose infectieuse, est suspecté par toute une série d’arguments scientifiques.
Pour expliquer ces deux pics d’incidence, les scientifiques ont avancé l'hypothèse d'une exposition tardive à un agent infectieux commun durant l'enfance ou l'adolescence constituerait un facteur de risque de la maladie. Il est maintenant admis que le risque de développer la maladie de Hodgkin est augmenté chez les jeunes et les adultes d'âge moyen dans les conditions socio-économiques suivantes :

  • Un haut niveau de scolarité, en particulier de la mère
  • Un milieu social élevé
  • Une petite famille
  • Un logement spacieux
  • Le rang de naissance, les premiers-nés.

 

Ces bonnes conditions socio-économiques pourraient retarder l’exposition à un agent infectieux ubiquitaire. Les enfants issus de milieux relativement défavorisés seraient, eux, exposés aux infections courantes de l'enfance plus précocement, comme dans le cas de la poliomyélite. Si une infection joue effectivement un rôle dans l'étiologie de la maladie de Hodgkin, ces facteurs pourraient être des marqueurs d'exposition retardée et de susceptibilité à un agent infectieux commun.

Le lymphome

C’est une forme de cancer...

UNIQUE...

Ce lymphome particulier se développe à partir des cellules du tissu lymphoïde.
C'est une prolifération, monoclonale tumorale de cellules du tissu lymphoïde qui donne naissance aux cellules typiques de la maladie, les cellules de
Reed-Sternberg .
Tous les organes du système lymphoïde, ganglions lymphatiques, rate, amygdales, tube digestif, poumon, peau, peuvent être atteints, d'emblée ou secondairement par la maladie.

LES CELLULES DE REED-STERNBERG

Elles ont un aspect caractéristique...
Il s’agit d’une lignée de cellules B, dérivant de cellules lymphoïdes B issues des centres germinatifs du ganglion.

Le phénotype des ces cellules
Il est donc très éloigné de celui d’un lymphocyte B normal. Ces cellules ne présentent pas d’immunoglobuline de surface fonctionnelles et ont perdu l’expression de nombreux gènes associés au phénotype B. Toutefois, elles gardent la capacité d’interagir avec les lymphocytes T avec, en particulier, l’expression des protéines de surface CD30+ (CD = Cluster of Différentiation ) , CD40+ et CD80+, ainsi que le facteur majeur d'histocompatibilité de classe II (MHC - Class II ) et les protéines B7.2 et B7.1.
Elles sont capables de secréter de nombreuses chémokines et cytokines conduisant au recrutement des cellules inflammatoires probablement essentielles à leur survie.

Une perte de l'apoptose...
La cellule de Reed-Sternberg prolifère car elle se déconnecte des facteurs de régulation cellulaire. Elle devient insensible aux phénomènes d’autodestruction, par perte de la fonction d’apoptose.
La survie de ces cellules serait due à la présence du virus d’Epstein Barr (EBV) ou par des mutations génétiques aboutissant à l’activation d’un facteur nucléaire NFκB. Cette activation permanente conduirait à la perte de la fonction d’apoptose.

Elles sont enserrées dans une grande réaction inflammatoire...
Beaucoup de cellules, réagissant normalement contre un corps étranger ou un microbe, se trouvent dans l'environnement immédiat de ces cellules malignes et doivent freiner l'extension de la malignité. De plus, toutes ces cellules sont souvent enfermées dans une gangue fibreuse au sein du ganglion. Ainsi, suivant le degré de réaction et de la fibrose, différentes catégories sont décrites, prédisant l’évolution de l'affection. Enfin, l'expansion de la maladie se fait le plus souvent de proche en proche, aux territoires ganglionnaires adjacents par voies lymphatiques suivant, ainsi, des cheminements particuliers.

Un cancer du sang très particulier...

INFECTION & PROLIFÉRATION

La maladie de Hodgkin présente des caractéristiques évocatrices d'un processus infectieux chronique sous-jacent. L'environnement autour des cellules de Reed-Sternberg est très particulier et démontre l'existence d'une lutte de l'hôte contre l'invasion par les cellules malignes. On retrouve ainsi :

  • Des lymphocytes T activés et réactifs
  • Une réaction inflammatoire, se traduisant par un granulome qui contient des globules blancs (polynucléaires neutrophiles et éosinophiles), des histiocytes, des lymphocytes B et des plasmocytes
  • De la fibrose, correspondant à une réponse tissulaire à une agression


La présence de cette réaction de l'hôte contre les cellules malignes pourrait expliquer le paradoxe entre les caractères très anormaux des cellules de Reed Sternberg et le pronostic plutôt favorable de la maladie de Hodgkin. Enfin, les études cliniques et biologiques récentes ont démontré qu’il s’agissait d’une maladie lymphoïde regroupant deux entités bien différentes :

  • Le lymphome de Hodgkin classique
  • Le lymphome hodgkinien nodulaire à prédominance lymphocytaire.

 

UN MODE DE DISSÉMINATION SPÉCIFIQUE...

Initialement...
La maladie suit un mode d’extension ganglionnaire par contiguïté, généralement à partir d’un territoire ganglionnaire cervical ou médiastinal vers les creux sus-claviculaires et les aires ganglionnaires axillaires.
Le site initial est, par ordre de fréquence : intrathoracique, cervical haut ou moyen, inguino-crural ou lombaire et axillaire. L’extension lymphoïde se fait à partir :

  • Des territoires intrathoraciques vers les creux sus-claviculaires et les aisselles
  • D’un site initial cervical vers les creux sus-claviculaires et les aisselles
  • Des territoires sous-diaphragmatiques vers les creux sus-claviculaires, surtout à gauche par l’intermédiaire du canal thoracique mais, en général, n'affectant pas le médiastin (partie du thorax comprise entre les deux poumons)
  • Du territoire axillaire vers le territoire sus-claviculaire du même côté (homolatéral)

 

Plus tardivement...
Les territoires ganglionnaires sous-diaphragmatiques peuvent être atteints dans les formes plus évoluées.
Les atteintes viscérales, dans les formes disséminées, s’expliquent par une diffusion hématogène, souvent à partir d’une atteinte de la rate (splénique).
Les formes sous-diaphragmatiques primitives sont exceptionnelles.

Mise à jour

16 avril 2018