Les différents stades
Le système TNM
LE PRINCIPE
Une classification du stade est un code standard international par lequel les équipes de cancérologie décrivent l'extension d'un cancer. Le système appliqué est le système T.N.M. de l' American Joint Committee on Cancer .
- La lettre T (Tumeur) suivie d'un chiffre allant de 0 à 4 décrit l’extension de la lésion dans la paroi de la vessie Par exemple, les tumeurs classifiées T4 sont les plus importantes et sont étendues aux tissus entourant la vessie.
La lettre N (ganglion ou Node en anglais) suivie d'un chiffre allant de 0 à 3 indique si le cancer s'est étendu aux ganglions lymphatiques situés près de la vessie et si les ganglions touchés sont fixés à d'autres structures anatomiques. - La lettre M (Métastase) suivie d'un 0 ou d'un 1 indique si le cancer s'est étendu ou non à des organes distants (s'il a métastasé par exemple dans les poumons ou dans les os) ou aux ganglions lymphatiques qui ne sont pas près de la vessie.
LE STADE
Il se rapporte à la localisation physique de la tumeur à l’intérieur de la vessie ou, plus précisément, la profondeur de sa pénétration dans la paroi vésicale. Les caractéristiques, T.N.M., attribuées au cancer, peuvent être regroupés en un petit nombre de stades. Les stades sont exprimés par un chiffre allant de 0 (le moins avancé) à IV (le plus avancé).
T.N.M. POUR LES TUMEURS DE LA VESSIE
Seul le système pTNM est utilisé pour définir le stade de la maladie. Le pTNM est une classification histopathologique réalisée à partir des prélèvements de tissu obtenus lors de la résection endoscopique ou sur la pièce de cystectomie. Le suffixe « m » est ajouté à "T" pour indiquer l’existence des tumeurs multiples. Le suffixe « is » est ajouté à "T" pour indiquer l’existence de carcinome in situ associé.
Classification T.N.M. de 2009
TUMEUR (T) | GANGLION (N) | MÉTASTASE (M) |
---|---|---|
Tx : ne pouvant être classée TVNIM TVIM |
Nx : ganglions non évaluables |
Mx : le peut être évaluée |
Les tumeurs n'infiltrant pas le muscle de la vessie (TVNIM)
LEURS SPECIFICITES
Ce sont des tumeurs superficielles, pTa, pTis (tumeur plane) ou pT1 qui se développent à partir de la muqueuse de la paroi vésicale. Elles représentent de 75 à 85 % des tumeurs vésicales et ne touchent que la muqueuse vésicale ou urothélium et pas le muscle. Dans environ 70 % des cas ce sont des tumeurs pTa, dans 20 % des cas des pT1 et dans 10 % des cas des tumeurs planes, pTis.
Elles peuvent récidiver dans plus de 50 % des cas mais ne deviennent infiltrantes (pT2 à pT4) que dans moins de 20 % des cas.
Selon l'importance des anomalies cellulaires, on distingue des carcinomes de différents grades : le grade 1 décrit les tumeurs de faible grade à faible malignité ; cela concerne environ la moitié des tumeurs et les grades 2 et 3 représentent des tumeurs de haut grade.
Selon l'importance du grade histologique, ces tumeurs présentent un risque croissant de récidive locale et de transformation en carcinome invasifs ou infiltrants.
LES TUMEURS PAPILLAIRES
pTa
Les tumeurs papillaires ont l’aspect d’un polype poussant vers l’intérieur de la vessie sans envahissement du chorion. Elles peuvent être multiples et groupées. Elles sont toujours confinées à la muqueuse de la paroi de la vessie ou urothélium et n’ont pas pénétré à travers la membrane basale.
Les tumeurs pTa de grade 1 ou 2 et de moins de 3 cm de diamètre sont facilement résécables. Si la cytologie urinaire est négative, elles sont d'excellent pronostic. Après résection, le risque de récidive, estimé à moins de 20 %.
pT1
Le trait distinctif est qu’elles ont pénétré à travers la membrane basale pour atteindre le tissu conjonctif du chorion muqueux de la paroi de la vessie (sous-muqueuse). A ce stade, les cellules tumorales n'ont pas envahi le muscle sous-jacent.
LES TUMEURS PLANES
pTIS ( IN SITU )
Le carcinome in situ (CIS), aussi dénommé pTis dans la nomenclature, est un cancer de la vessie à un stade pré-invasif. Contrairement aux tumeurs papillaires, les tumeurs in situ se présentent comme une lésion plane, non-invasive, à la surface de la paroi de la vessie.
Les tumeurs infiltrant le muscle de la vessie (TVIM)
LEURS SPECIFICITES
Les tumeurs de la vessie infiltrant le muscle, pT2a/T2b et pT3 représentent 20 % des cas. Les tumeurs pT4 ne comptent que pour 10 % des cas diagnostiqués.
Elles touchent les couches profondes du tissu de la vessie et elles peuvent envahir la graisse et/ou les organes voisins.
Elles sont plus dangereuses que les tumeurs superficielles car elles métastasent plus souvent et plus précocement.
Cette distinction fondamentale est illustrée par le schéma ci-dessus.
Un quart des tumeurs de la vessie diagnostiquées le sont à un stade infiltrant. Elles sont infiltrantes car leur racine va profondément dans la paroi de la vessie, jusqu'à la couche dite musculeuse ou au-delà.
LES TUMEURS pT2
Elles sont caractérisées par l’invasion du muscle enveloppant la vessie. Il y a deux cas de figures différents.
- Les tumeurs sont classifiées pT2a si seule la moitié interne du muscle est affectée et/ou si les cellules tumorales sont bien différenciées, la tumeur peut ne pas avoir pu atteindre le système lymphatique.
- Les tumeurs sont qualifiées de pT2b si la tumeur a pénétré la moitié extérieure ou le muscle profond et/ou que les cellules sont peu différenciées. Le pronostic est, en général, moins bon.
LES TUMEURS pT3
Lorsqu’une tumeur a pénétré dans le muscle enveloppant la vessie et qu’elle commence à envahir le tissu péri-vésical (tissu adipeux entourant la vessie) ou le péritoine (membrane recouvrant l’intérieur de la cavité abdominale), elle est classée tumeur pT3. Il existe plusieurs sous-types de tumeurs :
- pT3a, si le processus d’invasion a juste commencé et ne peut être vu, qu’au microscope
- pT3b, si la tumeur est présente de façon visible sur le tissu extérieur de la vessie
LES TUMEURS pT4
Elles se rencontrent que dans moins de 5 % des cas. Exceptionnellement, elles se présentent d'emblée sous un mode métastatique. Une tumeur est classée pT4 si elle envahit les organes avoisinants.
- pT4a : si elle touche la prostate ou l’utérus ou le vagin elle est classée
- pT4b : si elle atteint les parois de l’abdomen ou encore le pelvis.
Stadification (version 2009)
Stade | Tumeur T | Ganglions N | Métastase M |
---|---|---|---|
0a | pTa | N0 | M0 |
0is | pTis | ||
I | pT1 | ||
II | pT2a pT2b |
||
III | pT2a pT3b pT4a |
||
IV | T4b Tout pT Tout T |
N0 N1-N3 Tout N |
M0 M0 M1 |
Les autres éléments...
LE PRINCIPE du GRADE HISTOLOGIQUE
La ou les biopsies réalisées lors de la cystoscopie sont envoyées à un laboratoire d’histopathologie pour examen au microscope.
Le médecin anatomo-pathologiste, à partir de l'examen au microscope va attribuer un grade histologique à la tumeur.
Le grade permet une estimation de la rapidité de la croissance tumorale, basée sur l'étude des caractéristiques des cellules. La plupart des systèmes sont basés sur le degré d'anaplasie des cellules c’est-à-dire la perte de la différentiation cellulaire.
Pour l’évaluation du pronostic des tumeurs, les tumeurs de grade 3 ont un pronostic qui est nettement moins bon que celles de grade 1 ou de grade 2.
LA CLASSIFICATION OMS/ISUP
L'OMS en 2016 a publiée une nouvelle version de sa classification des tumeurs de la vessie :
- Tumeur urothéliale papillaire de faible potentiel de malignité (LMP = Low Malignancy Papilloma) et carcinome de bas grade G1 (20 à 30 %)
- Carcinome de bas grade G2 (50 %)
- Carcinome de haut grade G2 ou G3 (30 %)
IL Y A UNE FORTE CORRÉLATION ENTRE LE STADE DE LA TUMEUR ET SON GRADE…
La plupart des tumeurs superficielles sont de faible grade...
Par exemple, les tumeurs de grade 1 ont 75 % de cellules clairement spécialisées et bien différenciées. Dire qu’un carcinome à cellules transitionnelles est de grade 1, c’est anticiper une récidive locale mais cette récidive se fera sans envahir le muscle.
Plus de 80 % des tumeurs infiltrant tout le muscle de la paroi vésicale sont de grade élevé...
Elles sont de grade 2 ou 3. La majorité des cellules tumorales sont, alors, d'aspect non spécialisé et peu différencié.
LA PLOÏDIE
La ploïdie des cellules cancéreuses se réfère à la quantité d'ADN qu'elles contiennent dans leur noyau. S'il y a une quantité normale d'ADN, les cellules sont dites diploïdes. Si le taux d'ADN est anormal, les cellules sont dites aneuploïdes. Certaines études ont montré que les cancers gastriques aneuploïdes ont tendance à être plus agressifs.
Le pourcentage de phase "S" pourrait avoir un intérêt pronostic dans certaines formes de la maladie.
L’INDEX Ki-67
Le taux de division des cellules cancéreuses peut aussi être estimé par le test Ki-67. Un index Ki-67 élevé indique que les cellules cancéreuses se divisent rapidement, mais les médecins spécialisés n'accordent pas, tous, un intérêt à ce test pour déterminer le pronostic de la maladie.
LA RECHERCHE DES MODIFICATIONS BIOMOLÉCULAIRES
Les principales altérations moléculaires concernent FGFR3 , TP53 et HER2 , et permettent désormais de différencier trois sous-groupes de tumeurs, de profil moléculaire et de pronostic différents.
Comme pour la classification biomoléculaire des cancers du sein des sous-types "luminal et "basal-like" ont été proposés en fonction des biomarqueurs exprimés. Six sous-types ont été proposés en fonction des anomalies moléculaires. A terme, cette classification pourrait avoir d'importantes implications thérapeutiques.
La classification biomoléculaire (étude UROMO)
Tumeurs non invasives du muscle de la vessie - TVNIM | Tumeurs invasives du muscle de la vessie - TVIM |
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Mise à jour
13 février 2021