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Les inhibiteurs du Bcr-Abl et du c-kit

L'imatinib (Glivec™ et génériques)

L'IMATINIB

C'est un inhibiteur relativement spécifique d'enzymes, les tyrosine kinases. Il bloque l’activité de quatre enzymes appelées kinases : le Bcr , le Bcr-Abl , le c-kit ou CD-117 et le récepteur du facteur plaquettaire de croissance, PDGF.
En bloquant ces enzymes, 
en retour, il bloque l'activité des cellules porteuses de la mutation Bcr-Abl+. C’est la mutation spécifique de la leucémie myéloïde chronique et de certaines leucémies aiguës lymphoblastiques.
C'est donc un médicament qui s’attaque au désordre entraîné par le chromosome Philadelphie. Cette molécule constitue le traitement de référence de la leucémie myéloïde chronique .

EN PRATIQUE...

Le Glivec™ permet d’obtenir des réponses complètes cliniques et hématologiques et dans plus de 30 % des cas une réponse cytogénétique pour le traitement des leucémies myéloïdes chroniques.
Il est aussi actif, en association avec la chimiothérapie pour le traitement de certaines leucémies aiguës avec présence du chromosome Philadelphie (Ph+)..

Le Glivec™ est aussi actif sur forme rare de cancer du tube digestif désignée sous le terme de tumeurs gastro-intestinales stromales ou GIST ( GastroIntestinal Stromal Tumor ) .
Ce médicament pourrait, en association avec d’autres médicaments de chimiothérapie, être utile dans le traitement de certains autres types de cancers.

Ses indications en hématologie

  • Des adultes et des enfants atteints de leucémie myéloïde chronique (LMC) chromosome Philadelphie (bcr-abl) positive (Ph+) nouvellement diagnostiquée lorsque la greffe de moelle osseuse ne peut être envisagée comme un traitement de première intention
  • Des adultes et enfants atteints de LMC Ph+ en phase chronique après échec du traitement par l'interféron alpha, ou en phase accélérée ou en crise blastique
  • Des adultes et enfants atteints de leucémie aiguë lymphoïde chromosome Philadelphie positive (LAL Ph+) nouvellement diagnostiquée en association avec la chimiothérapie
  • Des adultes atteints de LAL Ph+ réfractaire ou en rechute en monothérapie
  • Des patients adultes atteints de syndromes myélodysplasiques/myéloprolifératifs (SMD/SMP) associés à des réarrangements du gène du PDGFR (platelet-derived growth factor receptor) ;
    des patients adultes atteints d'un syndrome hyper-éosinophilique (SHE) à un stade avancé et/ou d'une leucémie chronique à éosinophiles (LCE) associés à un réarrangement du FIP1L1-PDGFRα. 
     

En dehors de l'hématologie

  • Tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST - gastro-intestinal stromal tumors) malignes Kit (CD 117) positives non résécables et/ou métastatiques  et en traitement adjuvant des patients présentant un risque significatif de rechute après résection
  • Dermatofibrosarcome protuberans (DFSP ou maladie de Darier-Ferrand) non résécable en rechute et/ou métastatique
     

La dose quotidienne est de 400 ou 600 mg par jour en une seule prise au cours d'un repas.
Un effet indésirable particulier de l'imatinib est la rétention hydrique avec œdèmes, ascite, épanchement pleural, augmentation de poids… Il présente, aussi, une toxicité hématologique en relation avec son mode d’action : leucopénie, neutropénie et thrombopénie.

Des molécules actives lorsque les cellules deviennent résistantes au Glivec™....

DASATINIB (SPRYCEL™)

C’est une molécule proche du Glivec™. C’est un inhibiteur plus spécifique de la tyrosine kinase. Il est actif par voie orale à la dose de 100 mg, en une seule prise par jour,  en phase chronique et à 140 mg deux fois par jour, en phase d’accélération ou en phase blastique.
Ce médicament permet d’obtenir environ 90 % de réponses hématologiques complètes et 50 % de réponses cytogéniques complètes.
Un essai récemment, en première ligne et portant sur 519 patients, publié dans The New England Journal of Medicine, a démontré le potentiel de cette molécule de seconde génération comme traitement de première ligne.
Ses indications actuelles sont :

  • La leucémie myéloïde chronique (LMC) à chromosome Philadelphie (Ph+) en phase chronique nouvellement diagnostiquée.
  • La LMC en phase chronique, accélérée ou blastique en cas de résistance ou d'intolérance à un traitement antérieur incluant l'imatinib.
  • La leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) et LMC en phase blastique lymphoïde Ph+ en cas de résistance ou intolérance à un traitement antérieur.
     

La posologie initiale pour

  • La phase chronique de LMC est de 100 mg une fois par jour
  • La phase accélérée de LMC, la phase blastique myéloïde ou blastique lymphoïde (phase avancée) de LMC ou la LAL Ph+, est de 140 mg une fois par jour
  • Les enfants et les adolescents est établie en fonction du poids.
     

Sa tolérance est comparable à celle du Glivec™ avec une toxicité hématologique et des cas d’épanchements pleuraux (pleurésies).

NILOTINIB (TASIGNA™)

C’est un autre analogue du Glivec™ pour le traitement des LMC réfractaires au Glivec™ (médicament sans effet pour des doses > 600 mg par jour). Il est actif par voie orale à deux prises journalières). Les premiers résultats, chez des patients réfractaires au Glivec™ révèlent, à 6 mois, 77 % de réponses hématologiques complètes et 32 % de réponses cytogéniques complètes. Les résultats d'un second grand essai, en première ligne de traitement, portant sur 846 patients et récemment publié, aussi, dans The New England Journal of Medicine , ont démontré le potentiel de cette molécule. Ce médicament est capable d'induire 44 % de réponses moléculaires majeures.
Les indications homologuées sont pour le traitement de la Leucémie myéloïde chronique (LMC) chromosome Philadelphie positive (Ph+) en phase chronique nouvellement diagnostiquée (dose de 150 mg et 200 mg) et en phase chronique et en phase accélérée, résistant ou intolérant à un traitement antérieur incluant l'imatinib (dose de 200 mg).

Sa tolérance est en général bonne et proche de celle du Sprycel™. Il existe néanmoins une toxicité hématologique (neutropénie ; thrombopénie ainsi que des cas d’épanchements pleuraux (pleurésies).

Les nouvelles générations

BOSUTINIB (BOSULIF™)

C' est un inhibiteur de tyrosine kinase de seconde génération et de la SRC kinase, souvent surexprimée en cas de résistance à l'imatinib.
C'est un médicament de seconde ligne pour le traitement de la leucémie myéloïde chronique à chromosome Philadelphie positif en phase chronique, en phase accélérée et en crise blastique précédemment traités par un ou plusieurs inhibiteurs de la tyrosine kinase et pour lesquels l'imatinib, le nilotinib et le dasatinib ne sont pas considérés comme des traitements appropriées.
Il est actif par voie orale à la dose de 500 mg en prise unique au cours d'un repas.  Le traitement doit se poursuivre tant qu'aucun signe de progression de la maladie ou de toxicité inacceptable ne se manifeste.
Sa tolérance est acceptable mais de la diarrhée, des nausées ou des vomissements, des problèmes dermatologiques, de la fatigue peuvent être rencontrés. Les investigateurs ont observé lors des essais thérapeutiques, une toxicité hématologique avec  des cas de thrombocytopénie, de neutropénie et d'anémie de grade 3 ou 4.

PONATINIB (ICLUSIG™)

C'est un inhibiteur de seconde génération actif par voie orale. Ses indications homologuées sont :

  • Leucémie myéloïde chronique (LMC) en phase chronique, en phase accélérée ou en phase blastique, qui présentent une résistance au dasatinib ou au nilotinib ; une intolérance au dasatinib ou au nilotinib et pour qui un traitement ultérieur par imatinib n'est pas cliniquement approprié ; ou qui expriment la mutation T315I
  • Leucémie aiguë lymphoblastique à chromosome Philadelphie (LAL Ph+), qui présentent une résistance au dasatinib ; une intolérance au dasatinib et pour qui un traitement ultérieur par imatinib n'est pas cliniquement approprié ; ou qui expriment la mutation T315I .
     

La posologie est de 45 mg une fois par jour. Le traitement doit se poursuivre tant qu'aucun signe de progression de la maladie ou de toxicité inacceptable ne se manifeste.
Les effets indésirables graves les plus fréquents durant les études cliniques furent des cas de pneumonie, de pancréatite, des douleurs abdominales de fibrillation auriculaire (atriale), de poussées de fièvre (pyrexi), d'infarctus du myocarde/angine de poitrine, d'artériopathie oblitérante périphérique, anémie, diminution du nombre de plaquettes sanguines, neutropénie fébrile, hypertension, accident thrombo-emboliques.

Mise à jour

29 août 2022