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Marqueurs tumoraux usuels

L’Antigène Carcino-Embryonnaire (ACE)

Sa nature chimique
Découvert en 1965 par Gold et Freedman, l'ACE est une glycoprotéine de surface impliquée dans les fonctions d'adhésion cellulaire dans les tissus épithéliaux. Elle est produite normalement avant la naissance. Après la naissance, elle n’est plus produite par l’organisme. Toutefois, il existe un taux résiduel d’ACE chez l’adulte.
Sa demi-vie est  de 2 à 8 jours. Les valeurs (nanogrammes - ng/mL)

  • Normal : < 2.5 µg/L (non g/L (non-fumeur), < 5 µg/L (fumeur)
  • Suspect : 5-10 µg/L
  • Bénignité : rarement > 10-15 µ µg/L 


Son intérêt
C’est un marqueur non spécifique du suivi des adénocarcinomes. Il est utile pour les cancers du sein, les cancers digestifs, les cancers de l’ovaire, les cancers de l’utérus, le cancer médullaire de la thyroïde.
Le dosage de l’ACE a une valeur pronostic importante pour les cancers du sein et du colon et il est très utile dans la surveillance thérapeutique et diagnostic des rechutes.

Ses limites
De nombreuses conditions médicales peuvent s’accompagner d’une élévation des valeurs de l’ACE. On peut citer, le tabagisme, l’excès d’alcool avec cirrhose, les maladies inflammatoires digestives comme la rectocolite hémorragique, les pancréatites et les hépatites.

Les recommandations actuelles
Son dosage est recommandé en postopératoire pour la surveillance des cancers colorectaux couplé à l’imagerie médicale.
Son dosage peut être utilisé pour le suivi des patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique pendant un traitement actif, en association avec l’imagerie et l’examen physique.

L’alpha-foetoprotéine (AFP)

Sa nature chimique
C’est une glycoprotéine, similaire à l'albumine, normalement produite par le fœtus et par l’enfant jusqu’à un an, par le foie, le sac vitellin et le tube digestif. C’est un marqueur peu spécifique.

Les valeurs normales
Les résultats sont donnés en nanogrammes (ng/ml). La valeur seuil de la normalité doit être inférieure à 10 ng/ml.

Son intérêt
Son dosage est important dans le suivi des cancers du foie (hépatocarcinomes) et pour le diagnostic et le suivi des tumeurs germinales, en particulierdu testicule de type séminomateux..
Il peut être utile aussi dans le suivi des cancers du pancréas et de l’estomac ainsi que pour le bilan de carcinomes indifférenciés primaires de localisation inconnue.

Ses limites
Comme pour l’ACE, le taux d'AFP peut être élevé dans certaines pathologies bénignes, comme en cas d’hépatite virale ou de cirrhose.

Le CA 19-9 (CA = cancer antigen)

Sa nature...
C’est une glycoprotéine de surface reliée au groupe sanguin Lewis. C'est un antigène circulant qui est surtout associé aux tumeurs digestives. Il est peu spécifique de la tumeur et de sa malignité. 
Sa demi-vie est de 4 à 8 jours.

Les valeurs normales
Les résultats du dosage sont exprimés en unités internationales (UI/ml). Le seuil de positivité est souvent fixé à 37 UI/ml.

Les indications de son dosage
Il est surtout utilisé dans le suivi des adénocarcinomes, comme le cancer du pancréas, le cancer de l’estomac et du cancer colorectal.
Il peut aussi être proposé dans le suivi des tumeurs du tractus gastro-intestinal, essentiellement pour l’évaluation du pronostique et du suivi thérapeutique. Son taux est corrélé au stade de la tumeur et à la présence de métastases.
Il est augmenté faiblement dans les cancers de l’estomac. Il a une relative bonne spécificité dans le cancer du pancréas mais il faut savoir que c’est parfois dans les pancréatites aiguës que les taux sont les plus élevés ! Il est utile dans le suivi des cancers colorectaux, en association avec la mesure du taux d’ACE. Il peut être élevé en cas d'hépatocarcinome, mais aussi dans les cirrhoses et hépatites virales.
En résumé, ce n’est pas un examen spécifique d’affection tumorale, d’affection maligne ou d’organe.

Le CA125

Sa nature...
C’est un antigène décrit pour la première fois en 1981 par RC Bast. Le gène MUC16 codant le CA125 a été localisé dans la région 13.3 du bras court du chromosome 19.
Le CA125 est une grosse glycoprotéine qui se trouve à la surface des cellules normales et cancéreuses d’origines mésothéliales, pleurales, péricardiques, endométriales, péritonéales…
Son rôle physiologique est inconnu.

C’est un marqueur peu spécifique, c’est-à-dire que son taux peut être élevé en cas de cancer ou de maladies non-cancéreuses. Sa demi-vie est comprise ente 5 et 6 jours.

Les valeurs normales
Les valeurs de CA125 sont définies en utilisant l’anticorps monoclonal OC125. Les résultats du dosage sont exprimés soit en unités internationales UI/ml, soit en µg/L.
La valeur-seuil est de 35 U/l. Des taux de 35 à 65 µg/L sont suspects.

Son utilité dans la prise en charge du cancer de l’ovaire
L’intérêt de son dosage est démontré dans la prise en charge et le suivi des cancers de l’ovaire : 

  • La concentration du CA125 est fonction du volume tumoral et du stade de la maladie
  • Une élévation du CA125 est présente dans plus de 80 % des cas de tumeurs non-mucineuses de l’ovaire
  • Son augmentation précède depuis plusieurs mois la rechute clinique


Le dosage du CA 125 est en cours de validation pour le dépistage des femmes à « haut risque » de cancer de l’ovaire car un taux supérieur à :

  • 30 U/ml dans 50 % des cancers de l’ovaire, 18 mois avant le diagnostic clinique
  • 35 U/ml dans 60 % des stades I et 90 % des stades II
  • 65 U/ml dans 50 % des stades I et II


La pertinence de ce dosage devrait être amélioré par l'utilisation d'un algorithme baptisé KELIM CA-125 ( ELIMination Rate Constant K) qui modélise le comportement de ce marqueur sanguin.

Les limites de son dosage
Le CA 125 peut, aussi, être élevé lors d es règles (menstruations) ou de la grossesse, ainsi qu'au décours d'autres pathologies tumorales ou non tumorales comme :

  • D’autres affections malignes : cancers de l’endomètre, des trompes, du col de l’utérus, du tube digestif…
  • De la cirrhose, d’une cholécystite, d’une pancréatite
  • Des infections respiratoires ou pneumopathies… 

Le CA15-3

Sa nature
C'est une glycoprotéine de surface à la portion ductale glandulaire (sein, utérus, ovaire).
L'antigène CA15-3 est le marqueur sérique le plus utilisé chez les patientes ayant un cancer du sein car c'est un antigène de différenciation du tissu de la glande mammaire produit du gène MUC1 . Il est régulé par les œstrogènes. Sa demi-vie est comprise entre 5 et 7 jours.

Les valeurs normales 
Les résultats du dosage sont exprimés en unités internationales (Uarb) (Uarb/ml) ou en µg/L.

  • Normal : < 35 µg/L
  • Suspect : 35-60 µg/L


Quand ne faut-il pas faire le dosage ?
Le CA 15-3 n’est élevé au stade du diagnostic de cancer du sein que dans moins de 30 % des cas car son taux est corrélé positivement à la taille de la tumeur, ainsi qu’à l’envahissement et au nombre de ganglions axillaires touchés. De ce fait, la mesure du CA 15-3 ne peut absolument pas être utilisé comme élément de dépistage du sein.
En dépit d’une excellente spécificité, la faible sensibilité de ce marqueur l’empêche d’être utilisé comme moyen diagnostique des cancers du sein. 

Quand faut-il faire le dosage ?
Il peut être utilisé pour le suivi des patientes atteints d’un cancer du sein métastatique pendant un traitement actif, en association avec l’imagerie médicale, les antécédents et l’examen physique. Après traitement initial d'un cancer du sein et en l'absence de signes clinique, le dosage du CA15-3 n’est pas systématique.
Il est utile pour juger de l’efficacité d’un traitement car le CA15-3 car il existe une corrélation positive clinico-biologique dans plus de 80 % des cas. elle est plus nette dans le cas de cancers exprimant le récepteur estrogène (RE+).

Le CA 19-9

Le CA-19-9 pour Carbohydrate Antigen 19-9 à été décrit pour la première fois en 1979. C'est un ligand des E-selectin qui joue un rôle important dans l'adhésion des cellules cancéreuses à l'endothélium. 
Le seuil généralement admis est de 37 U/ml et la concentration n'est pas influencée par le tabagisme.
Du fait de son manque de spécificité, il ne peut constituer ni un test de dépistage de masse, ni comme élément d'un diagnostic précoce du cancer colorectal.
Actuellement, le dosage du CA 19-9 pour est principalement utilisé pour le suivi du cancer du pancréas, en particulier au stade avancé et pour suivre son évolution après traitement.

Le PSA est un marqueur d'organe, la prostate...

QU'EST-CE QUE LE PSA ?

C'est une enzyme...
Le PSA ( Prostate Specific Antigen ) a été caractérisé au début des années 1970. C’est une glycoprotéine de 237 acides aminés, et d’un poids moléculaire de 34 kDa (34000 g.mol-1), à activité sérine protéase, produite par les cellules épithéliales de la prostate qui évite la coagulation du liquide séminal et est responsable, notamment, de la liquéfaction du sperme.

Le PSA dans le sang...
Cet examen de sang est très largement utilisé depuis le début des années 90 pour le diagnostic de la maladie et pour son dépistage.
Le PSA est secrété par les cellules normales de la prostate et par les cellules tumorales. Cependant, l’architecture normale de la prostate ne laisse "filtrer" qu’une infime quantité de PSA dans le sang, à tel point que sa concentration s’y trouve 105 ou 106  fois moindre qu’au sein de la glande prostatique ou dans le sperme. Elle est ainsi d’environ 0,6 ng/mL chez l’homme adulte de moins de 50 ans.

PSA libre; PSA conjugué...
De 70 à 90 % du PSA du sang est lié à une enzyme, l’alpha1-antichymotrypsine. La mesure du taux du PSA libre ne prend en compte que la fraction non liée aux protéines porteuses comme l’alpha-chymotrypsine (ACT) ou alpha2-macroglobuline. Pour certains spécialistes, la mesure du rapport PSA libre / PSA total (voir le schéma) pourrait être plus précise que les dosages simples.
En règle générale, le rapport de la concentration PSAL/PSAT est plus élevé en cas d’hypertrophie bénigne de la prostate.

Les taux fluctuent au cours de la vie...
Le PSA est élevé à la naissance, diminue vers 6 mois pour augmente, de nouveaux, vers l’âge de 10 ans jusqu’à la puberté en relation avec l’évolution du taux de testostérone.
Il se stabilise de la puberté à environ 50 ans, puis augmente sensiblement avec l’âge en relation avec le volume de la prostate.
A partir de 60 ans, chez un homme sans cancer de la prostate cliniquement évident, la concentration sérique du PSA augmenterait d’environ 3,2 % par an.

PSA & CANCER DE LA PROSTATE

L’élévation du taux de PSA
Elle observée au cours du cancer de la prostate. Elle serait en relation avec une augmentation du passage de l’antigène au travers de la membrane basale, lorsque celle-ci est rompue. Ce phénomène est décrit sur la deuxième image de gauche. 

Les valeurs normales …
Selon la technique utilisée, un taux sanguin inférieur à 1,5 ou 4 nanogrammes/ml est rassurant. Un PSA inférieur à 3 ng/ml est considéré comme normal pour les hommes de moins de 70 ans. Le PSA augmente légèrement avec l’âge et, 6,5 ng/ml peuvent être considérés comme un taux rassurant chez les hommes âgés de plus de 70 ans.

La demi-vie du PSA
Elle représente le temps de disparition de la moitié des quantités d’antigènes du sang, est de 48 heures. Cette donnée est importante à connaître car le dosage du PSA doit, en principe, être effectué plus de 48 heures après un examen urologique et un toucher rectal.

L'interprétation des résultats du laboratoire
Il s'agit d'un marqueur pratiquement spécifique de la prostate, mais il ne permet pas, à lui seul, le diagnostic exact d'une pathologie prostatique.
Les résultats de ce test donnent des informations directes sur la présence d'un cancer de la prostate. Cependant, le taux du PSA peut être élevé dans différentes pathologies de la prostate comme l'adénome, la prostatite (inflammation/infection de la prostate). Le taux du PSA peut également être élevé après certains examens comme un toucher rectal (de manière non significative), une cystoscopie, la mise en place d’une sonde à demeure ou une intervention sur la prostate.
Plus le PSA est élevé, plus grande est l'éventualité d'une extension du cancer au-delà de la prostate.

Peut-on améliorer la sensibilité de la mesure du PSA ?
Afin d'augmenter la sensibilité de ce test, il a été proposé d'utiliser les techniques de calcul suivantes :

  • Le taux du PSA peut être ajusté à l'âge du patient,
  • La vélocité du taux du PSA représente l’évolution des taux sur un an (cinétique d'évolution — vélocité). Une élévation de 0.75 ng/ml/an serait en faveur d’un cancer
  • Le temps de doublement du PSA ou PSADT est parfois utilisé pour suivre la maladie à son stade initial
  • La densité du PSA est le taux du PSA rapporté au volume prostatique : 1 µg/l/10 cc volume de prostate
  • Le rapport PSA libre / PSA total, par exemple, pour un taux de PSA total compris entre 4 et 10 ng/ml, un rapport PSA libre / PSA total <5% est évocateur d’un cancer. A l’inverse, un rapport >30% est en faveur d’une maladie bénigne de la prostate.


Le coût du dosage
Dosage simple : B 70 – 18,90 € ; avec reprise de dosage B 105 ; mesure du rapport PSA L/PSA T : B 140. Il n'est pas pris en charge par la Sécurité Sociale mais peut l'être par la complémentaire.

Mise à jour

4 décembre 2023