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Une grossesse

CE N'EST PAS aussi rare que l'on pourrait penser !

La survenue ou la découverte d'un cancer lors d'une grossesse est un événement qui concerne environ une  femme enceinte sur mille. Cependant, avec l'augmentation de grossesses tardives, le nombre de tumeurs diagnostiquées durant la grossesse à tendance à croître.
Les cancers les plus fréquemment rencontrés au cours de la grossesse sont les cancers du sein, les cancers gynécologiques, cancers du col ou de l'ovaire, les hémopathies malignes, lymphomes hodgkiniens ou leucémies et les mélanomes.

L'INFLUENCE DE LA GROSSESSE SUR LE CANCER

DIRECTE...

Tout d'abord, il faut se rappeler que le pronostic des cancers diagnostiqués au décours d'une grossesse est rarement modifié significativement dans un sens péjoratif. Ainsi,  la prise en charge est fonction du type de tumeur et de l'état d'avancement de la grossesse au moment du diagnostic. Il faut comprendre que dans cette circonstance, les propositions diagnostiques et thérapeutiques devront être à la fois efficaces, pour guérir ou contrôler la maladie et ne devront pas mettre en danger le fœtus.

INDIRECTE

De plus, la grossesse exerce une influence indirecte sur :

  • La précocité du diagnostic : les modifications du sein ou du col utérin peuvent retarder le diagnostic ; les manifestations digestives de la grossesse peuvent masquer une tumeur digestive ou cérébrale…
  • Le bilan d’extension : l’appréciation des paramètres dans les cancers du col ou la lecture des clichés de mammographie dans les cancers du sein est parfois délicate ; certaines explorations radiologiques ou isotopiques sont impossibles
  • Les possibilités thérapeutiques, car la grossesse ne permet pas certains traitements anticancéreux...


La chirurgie
Si à distance du terme, il n’y a pas de contre-indication à une chirurgie cervicale, thoracique, orthopédique voire neurochirurgicale, la chirurgie pelvienne est impossible dès le deuxième trimestre et les chirurgies digestives et mammaires le sont au cours du troisième trimestre.

La chimiothérapie
Le risque pour l’enfant dépend des drogues utilisées et surtout de la période d’administration. Il est maximal avec les antifoliques, les antipuriques et les alkylants.

La radiothérapie
Le risque tératogène est majeur pendant l’organogenèse et le risque mutagène apparaît dès 0,2 Gy. L’irradiation sous-diaphragmatique et les radio-isotopes sont donc contre-indiqués. Au-dessus du diaphragme, une radiothérapie est envisageable après le premier trimestre, et une cobaltothérapie focale lors du troisième trimestre.

En pratique...

La découverte d'un cancer et d'une grossesse n'est pas exceptionnelle...

  • L'interruption de la grossesse est rarement indispensable
  • Les décisions thérapeutiques seront adaptées à l'âge de la grossesse, au stade de la maladie et à vos choix personnels
  • Le traitement sera le plus proche possible de celui réalisé en dehors de la grossesse


Au premier trimestre

  • Une chimiothérapie et/ou radiothérapie impose une IVG
  • Un cancer de petite taille peut être opéré

Au second trimestre

  • Maladie de Hodgkin (chimiothérapie de type « ABVD ») ou une leucémie aiguë (risque tératogène faible mais risque infectieux et/ou hémorragique d’avortement spontané en phase de cytopénie…) impose une IVG
  • Certains autres cancers peuvent être traités en accord avec le couple


Au troisième trimestre

  • Si le traitement peut être différé : un accouchement prématuré voire à terme
  • Une césarienne en cas de cancers de l’utérus, de tumeurs pelviennes ou de tumeurs cérébrales

ENFIN, UN CANCER N'EMPÊCHE PAS DE PROCRÉER !

Les possibilités de grossesse sous chimiothérapie sont faibles mais elles existent. Une contraception est donc fortement préconisée. Cependant, il faut savoir que les dispositifs intra-utérins (stérilets - DIUT) comportent un risque infectieux et hémorragique sous chimiothérapie.

Les possibilités de grossesse après un traitement pour cancer

N'HÉSITEZ PAS À ABORDER LE SUJET...

Si vous avez un désir de grossesse après un cancer, les conseils que vous donnera l'oncologue seront basés sur les connaissances actuelles sur ce sujet et les caractéristiques propres de votre maladie.

CE QUE L'ON SAIT...

Globalement...

Lorsque le cancer est de bon pronostic, la survie globale après grossesse est bonne quel que soit le délai entre la fin du traitement et le début de la grossesse. Il n’y aurait peut-être donc pas de raisons objectives scientifiques à contre-indiquer ou repousser une grossesse.
En revanche, en cas de cancer de plus mauvais pronostic (atteinte ganglionnaire, signes d’évolutivité de la maladie), on vous conseillera d'attendre trois à cinq ans entre la fin du traitement et le début de la grossesse, non pas parce que la grossesse modifie le pronostic, mais parce que le pronostic de base est plus incertain et que, passé ce délai, la probabilité de récidives ou de métastases devient très faible.

Dans le cas du cancer du sein
Diverses études ont permis d'établir le fait qu'une grossesse après avoir eu un cancer du sein n'augmente pas le risque de rechute, et ce y compris en cas de cancer RH+. Certaines études montrent même moins de rechutes chez les patientes enceintes (healthy mother effect), mais on ne peut pas exclure que les phénomènes hormonaux et immunitaires associés à la grossesse aient un effet protecteur..

LES IMPLICATIONS PRATIQUES

Le contexte
Après traitement, sauf chirurgie sur l’appareil génital, les possibilités de grossesse restent liées au retentissement ovarien des traitements. Il faut savoir que le risque tératogène résiduel des traitements n'est plus considéré comm démontré.

Il n'est pas très difficile d'être enceinte...
Une étude récente portant sur 220 femmes ayant été traité pour un cancer du sein et ayant donné naissance à 220 enfants, a montré qu'elles étaient enceintes moins de 9 mois suivant leur décision et que seules trois d'entre-elles avaient eu recours à l'assistance médicale à la procréation.

Ce ne sera pas plus compliqué mais il vous faudra être suivie....
Les études ont conclu qu’il n’y a pas plus de risques de grossesses défavorables en cas de cancer sein diagnostiqué avant la grossesse que dans la population générale. Cependant, si vous pouviez être rassurée quant à l’état de santé des enfants naissant après un cancer, le surnombre d’extractions instrumentales et de césariennes relevés dans les études impliquera une surveillance plus étroite en fin de grossesse et en cours de travail.

(* Réf. Gynécologie Obstétrique & Fertilité Volume 36, Issue 10, Octobre 2008, Pages 1022-1029)



@ Pour vous aider...  Le Centre de Référence Cancer et Grossesse - Réseau CALG
Hôpital Tenon - Service de Gynécologie-Obstétrique 4, rue de la Chine 75571 Paris Cedex 20 Tél. 01 56 01 67 81 Courriel : cancer.grossesse@tnn.aphp.fr 

Mise à jour

3 août 2016