Le lymphome à cellules du manteau
Une forme plus rare de lymphome B...
QU’EST-CE LE MANTEAU ?
Dans le ganglion lymphatique, c'est la zone entourant le centre germinatif. Elle est constituée par une couronne dense de petits lymphocytes situés concentriquement autour du centre germinatif folliculaire.
QUI EST TOUCHÉ PAR LA MALADIE ?
C'est une forme de lymphome relativement rare avec environ 900 cas en 2018, en France soit 8 à 10 % des lymphomes de phénotype B. Néanmoins, incidence est en forte augmentation.
La maladie est rare avant l’âge de 50 ans et l'âge moyen de découverte est 68 ans.
Elle touche trois hommes pour une femme.
Il est souvent diagnostiqué à des stades avancés (III ou IV selon Ann-Arbor) avec des poly-adénopathies, une atteinte de la rate (splénique) et une dissémination dans la moelle osseuse
LES FACTEURS DE RISQUE
Les facteurs de risques connus sont une immunodépression, des troubles auto-immuns et l’exposition à certains pesticides.
SES CARACTÉRISTIQUES...
Le phénotype
Les lymphomes du manteau sont une prolifération clonale de cellules B très particulières de la couronne entourant les follicules normaux. Initialement, c’est une prolifération respectant l'architecture normale des ganglions où sont visibles de volumineux follicules.
Une partie de ces lymphomes dériveraient de cellules B ayant rencontré un antigène, même si celui-ci n’a pas encore été identifié.
Un réseau désorganisé de cellules réticulaires dendritiques peut être mis en évidence.
En moyenne, 20 % des cellules expriment le du marqueur de prolifération Ki67+.
Les analyses cytogénétiques
Elles mettent en évidence une translocation t(11;14)(q13;q32) impliquant l'oncogène bcI1 . La translocation juxtapose le proto-oncogène CCND1 en 11q13 et une chaîne lourde d'immunoglobuline.
La conséquence de cette translocation est une surexpression de la cycline D1, impliquée dans le déroulement du cycle cellulaire
LES FORMES DITES INDOLENTES
La forme dont l'extension est limitée, avec une morphologie et un phénotype classique, souvent avec une architecture nodulaire ou une topographie du manteau, un taux de prolifération très bas. Ces lymphomes ont plutôt tendance à être SOX11 Négatif.
La forme leucémique avec splénomégalie, absence d’adénopathie ou adénopathies de petit volume, mutations des gènes IgHV, caryotype simple, restriction Kappa et SOX11 absent ou faible. De plus l’expression du CD5 y est moins fréquente que dans les formes classiques.
CD = Cluster of Differenciation
Le bilan avant de débuter le traitement
GLOBALEMENT
L’évolution est relativement lente et sans symptômes pendant quelques années.
L 'examen clinique montre le plus souvent des adénopathies au niveau de toutes les aires ganglionnaires superficielles et profondes (polyganglionnaire). Une grosse rate (splénomégalie), parfois volumineuse, est fréquente.
LES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
De base
La numération formule sanguine (NFS) met assez souvent en évidence une hyperlymphocytose.
La présence d’une population tumorale circulante est retrouvée dans la moitié des cas. Il peut aussi exister, une anémie et une thrombopénie. Les taux de LDH et la β2-microglobuline sont augmentés chez plus de la moitié des patients.
La biopsie du ganglion
Sur la biopsie ganglionnaire, les cellules :
- Expriment des marqueurs de surface des lymphocytes B, comme la protéine CD20 (CD "classe de différenciation")
- Surexpriment la cycline D1, une protéine du cycle cellulaire
- Sont porteuses de la translocation t(11;14)
- Surexpriment le facteur de transcription SOX11.
Le bilan d'extension
Il montre souvent un envahissement médullaire. Les lymphomes du manteau peuvent, aussi, se présenter sous une forme leucémique.
Lymphome du manteau vs. folliculaire
|
Lymphome du manteau |
Lymphome folliculaire |
---|---|---|
Cellule |
Grandes cellules |
Petites cellules |
Protéine |
CD5+ C10− |
CD5− CD10+ |
Chromosome |
t(11 ;14)(q13 ;q32) |
t(14 ;18)(q32 ;q21) |
ADN |
Réarrangement IgH-Bcl1 |
Réarrangement IgH-Bcl2 |
ARN |
Surexpression de la cycline D1 |
– |
Les facteurs pronostiques
DE NOMBREUX FACTEURS PRONOSTIQUES...
Ils prennent en compte :
- Le type histologique (les formes blastiques étant de plus mauvais pronostic que les formes communes
- L’index de prolifération (Ki67),
- L’expression nucléaire de la survivine,
- L’expression de l’inhibiteur de kinase cycline dépendante p27, ou encore de p53
LE MIPI...
Le " Mantle cell lymphoma International Prognostic Index (MIPI)" est un nouveau score basé sur quatre paramètres : l’âge, le "performance status - PS", le taux de LDH et le taux de leucocytes.
Le MIPI permettrait d’individualiser quatre groupes de patients avec des profils d’évolution différents.
Index MIPI simplifié
Points | Age | Indice fonctionnel | taux de LDH | Nombre de globules blancs |
---|---|---|---|---|
0 | < 50 ans | 0 - 1 | < 0.67 | < 7 000 |
1 | 50 - 59 | 0,67-0,99 | 7 000 à 10 000 | |
2 | 60 - 69 | 2 - 4 | 1,00-1,49 | 10 000 à 15 000 |
3 | < 70 ans | 1.5 | < 15 000 |
Les grandes lignes du traitement
Pour plus de détails allez au chapitre "traitement"
AUJOURD'HUI...
Si vous avez moins de 65 ans
4 cycles R-DHAP ( rituximab (R), cisplatine, dexaméthasone, cytarabine) puis collecte de cellules souches au 3ème cycle et BEAM [carmustine (BICNU),étoposide, cytosine-arabinosine et melphalan] suivie d'une autogreffe de cellules souches hématopoïétiques est une option habituelle.
Le traitement de maintenance comprend le rituximab tous les 2 mois pendant 3 ans.
Si vous avez plus de 65 ans :
Le traitement habituel comprend 8 cycles de R-CHOP, et 2 ans de rituximab en traitement d'entretien tous les deux mois.
En cas de contre-indication au R-CHOP, l'option alternative est le R-BENDAMUSTINE : bendamustine 90 mg/m² J1/J2 + Rituximab 375 mg/m² J16 cycles sans maintenance ou RiBVD9, R-DHA.
En cas de rechute ou de forme réfractaire
L’ibrutinib, un inhibiteur de la kinase de Bruton, seul ou associé à la bendamustine, a montré une efficacité chez ces patients, en termes de réponse complète.
Le lénalidomide a permis d’améliorer significativement le pronostic.
DEMAIN
Des protocoles sans chimiothérapie sont à l'étude.
Les résultats positifs d'une étude portant sur un traitement d'induction sans chimiothérapie avec l'ibrutinib avec rituximab pourraient constituer un nouveau standard. Ce traitement d'induction serait suivi d'une immunochimiothérapie courte (4 cycles) comportant le rituximab en association avec une chimiothérapie conventionnelle hyperfractionnée comportant : cyclophosphamide, vincristine, doxorubicine, et dexaméthasone (R-HCVAD) en alternance avec une association methotrexate–cytarabine. L'idelasib est une nouvelle option pour les formes refractaires aux traitements avec une traitement prophylactique des infections.
Le pronostic
C'est un pronostic "intermédiaire" avec une survie à 5 ans de plus de 60 % pour les personnes diagnostiquées entre 2010 et 2015.
Le taux de survie à 5 ans est plus élevé chez les personnes diagnostiquées à un âge jeune : 82 % à 50 ans versus 46 % à 80 ans.
La survie à dix ans s’améliore légèrement entre 2005 et 2010, passant pour les patients de 50 ans de 62 % à 67 % et de 19 % à 24 % chez les 80 ans.
Il faut souligner que les progrès thérapeutiques récents ont permis d'améliorer le pronostic des patients âgés.
Mise à jour
9 juin 2022