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Les formes familiales de cancers

Des familles dans lesquelles on observe un grand nombre de cas de cancers ...

UNE TENTATIVE DE DÉFINITION ...

Ce sont des familles, souvent nombreuses, où l’on dénombre plus de cancers que normalement, mais où on ne retrouve pas les critères stricts des cancers héréditaires car, en général, le cancer survient plus tardivement et ne touche pas autant de membres de la famille que les cancers héréditaires.

DANS QUEL CONTEXTE ?

Près de 5 % des cancers sont liés à la présence d'une altération génétique constitutionnelle, présente dès la naissance dans toutes les cellules de l'organisme et transmissible à la descendance.
Des signes cliniques sont évocateurs de ces formes héréditaires familiales et doivent faire recourir à un conseil génétique spécialisé :

  • Excès de cas atteints de cancer au sein d'une même branche parentale (paternelle ou maternelle)
  • Précocité de la survenue du cancer
  • Excès de formes bilatérales et multifocales pour les organes doubles
     

 DEUX EXEMPLES

Le syndrome sein-ovaire

  • Pénétrance BRCA1 / BRCA2 risque de développer (vie entière)...
    • Un cancer du sein de 40 à 80 %
    • Un cancer de l'ovaire de 20 à 40 %
       

 Le syndrome de Lynch (cancer du côlon héréditaire non polyposique - HNPCC)

  • Pénétrance risque de développer (vie entière)...
    • Un cancer colorectal 42 % (MLH1= MSH2; >MSH6)
    • Un cancer de l'endomètre 35 % (MLH1>MSH2>MSH6)
    • Un cancer de l'ovaire 8 % (MSH2>MLH1>>MSH6)
       

Mutations : exemple du cancer du sein et du côlon

 

Syndrome Mutation Localisation Tumeurs associées
(spectre tumoral)
Cancer du sein héréditaire BRCA1 
BRCA2
Sein  Ovaire 
Sein chez l'homme 
Prostate 
Pancréas
Cancer du côlon héréditaire non polyposique MMR 
LH1, MSH2, MSH6; PMS2
Côlon

Spectre étroit (Risque x > 8
Endomètre 
Voies urinaires 
Intestin grêle 


Spectre large (Risque x 5 à 88) 
Estomac 
Voies biliaires 
Ovaire 
Pancréas 
Glioblastome 
Carcinome cutané

Quelques agrégations ...

 

Syndrome 

Gène muté

Histoire familiale + signes d’alerte

Cancer du sein

BRCA 1
BRCA 2
CHK2
TP53

Age précoce de découverte
Forme bilatérale
Association d’un cancer du sein et de l’ovaire
Cancer chez le père ou la mère
Cancer chez un homme

Cancer de l’ovaire

BRCA1
BRCA2
MLH1
MSH2
STK11

Age précoce de découverte
Antécédents de cancer du sein
Cancer du colon héréditaire sans polypose (HNPCC)
Syndrome de Peutz-Jeghers
Cas de cancers du sein masculins dans la famille

Cancer colorectal

APC
MLH1/MSH2
PMS2
MSH3/MSH6

Age précoce de découverte
Polypose colique familiale
L’existence d’autres cancers associés

Mélanome

CDKN2A
CDK4  

Nævus dysplasiques
Histoire de cancer du pancréas

Cancer de l’estomac

CDH1 

Age précoce de découverte
Forme diffuse

Cancer du rein

VHL
MET

Age précoce de découverte

Sarcomes

TP53

Tumeur SBLA (Sarcoma, Breast, Leukemia Adrenal gland

Quelques exemples de cancers familiaux rares...

Des cancers familiaux ont une transmission récessive, sans impact obligatoire sur le développement des tumeurs.

  • Mélanomes multiples familiaux (5 % des cas)
  • Néphroblastome héréditaire,
  • Syndrome d’ataxie télangiectasie,
  • Xeroderma pigmentosum (maladie caractérisée par un défaut de réparation des lésions solaires de l’ADN. Les sujets présentent des cancers cutanés et des mélanomes dès le jeune âge).
  • Maladie de Von Recklinghausen associe des neurofibromes, des taches café au lait et des molluscums de la peau. Les patients sont susceptibles de développer des neurofibromes malins, des phéochromocytomes et des cancers cutanés.

Les antécédents familiaux de cancer...

LES FAITS

Dans un étude récemment publiées, des chercheurs ont étudié 12 000 cas de cancers localisés de 13 localisations différentes et les ont comparé à une population de 11 000 personnes en bonne santé. Outre les informations sur l'ensemble des antécédents médicaux familiaux, les chercheurs ont également recueilli des données sur le mode de vie, le contexte socio-démographique, les traitements, en particulier  hormonaux. De plus, les résultats on été ajusté pour tenir compte des facteurs liés au mode de vie, tels que le tabagisme ou la consommation d'alcool.

LES RÉSULTATS...

Au delà des associations reconnues, telles que l'augmentation du risque de développer le même cancer qu'un parent au premier degré, de nouvelles corrélations ont été mise en évidence. Les résultats des recherches ont montré que

  • Le risque de présenter un cancer de la sphère ORL était 3,3 fois plus élevé si un des parents au premier degré avait eu un cancer du larynx
  • Le risque d'avoir un cancer de l'œsophage était quatre fois plus élevé si un des parents au premier degré avait présenté un cancer de la sphère ORL
  • Le risque de développer un cancer de l'ovaire était multipliée par 2,3 si la mère avait eu un cancer du sein
  • Le risque de présenter un cancer de la prostate est 3,4 fois plus important si le père avait eu un cancer de la vessie
  • Si un cancer est diagnostiqué chez un patient avant l'âge de 60 ans, le risque pour les membres de sa famille de développer un autre cancer est statistiquement plus important
     

 EN PRATIQUE...

Ces résultats mettent particulièrement en avant l'existence de facteurs génétiques influençant le cancer, mais ils pourraient également aider les spécialistes à améliorer le dépistage, en particulier chez les patients présentant des antécédents familiaux de cancer, surtout lorsque le cancer se déclare à un âge précoce.

Les prédispositions sans caractère familial ...

Si un gène de prédisposition possède une faible pénétrance, la population prédisposée à avoir un cancer ne sera pas détectable par les études familiales traditionnelles. Pour identifier ce type de gènes, on a recours à l’exploration de gènes considérés comme suspects parce qu’ils interfèrent avec des mécanismes de la cancérogenèse connus et en particulier avec des agents carcinogènes chimiques. 

Il peut s’agir de gènes impliqués dans le métabolisme d’agents chimiques exogènes ou endogènes. Une attention toute particulière a donc été portée aux enzymes des systèmes de conjugaison et de détoxification du cytochrome p450 (CYP450).

Certaines mutations induiraient une plus grande sensibilité à l’effet de certains carcinogènes environnementaux ce qui se traduirait par une plus grande fréquence de cancers du poumon ou de la vessie, par exemple.

Mise à jour

23 septembre 2017