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Dépistage

Cancer du côlon

Les trois types de dépistages...

DÉPISTAGE ORGANISÉ

Il s’adresse à la population générale âgée de plus de 50 ans à risque moyen (les sujets de plus de 50 ans des deux sexes). Dans ce cas, le dépistage s’effectue sur toute une population ne présentant aucun symptôme de la maladie.
Le rationnel scientifique de la démarche est basé sur les résultats d'études scientifiques qui ont montré que le dépistage est associé à un bénéfice en termes de réduction de la mortalité globale.
C’est le cas de la mammographie de dépistage organisé, pour le cancer du sein et, maintenant, du test immunologique, pour le dépistage organisé du cancer colorectal.

DÉPISTAGE DES SUJETS À RISQUE

Il s’adresse à des sujets présentant un ou plusieurs facteurs de risque. C’est le cas si deux de vos parents proches ou plus ont été atteints de la maladie, ou si vous êtes d’origine africaine ou antillaise. Dans ce cas, le dépistage s’effectue sur cette population précise car, là aussi, des études ont montré que cette démarche est associée à un bénéfice en termes de réduction de la mortalité globale. C’est le cas, par exemple, le cas du dépistage par coloscopie des sujets ayant une polypose colique familiale pour la prévention du cancer du côlon.

DÉPISTAGE À TITRE INDIVIDUEL

Il repose sur votre conviction et celle de votre médecin que cette détection précoce est associée à un bénéfice en termes de réduction de la morbidité et/ou un allongement de la survie.

Cancer du côlon

Les méthodes de dépistage

LES MÉTHODES VALIDÉES 

On entend par méthodes validées, des examens de dépistage qui ont démontré que leur utilisation diminuait la mortalité par cancer colorectal. Ces conclusions sont tirées à partir d’essais cliniques contrôlés sur de grandes populations de sujets. 

La recherche de sang dans les selles
Bien qu’un tiers des cancers du côlon ne saignent pas au départ, une recherche de sang humain dans les selles, tous les 2 ans, est un test intéressant chez les malades asymptomatiques.
Le test immunologique a supplanté les autres méthodes (Hemoccult™) pour le dépistage organisé en France.  . Il détecte la présence d'hémoglobine humaine dans les selles grâce à l'utilisation d'anticorps spécifiques. Il détecte 8 cancers sur 10, à un stade le plus souvent curable, au lieu de 4 cancers sur 10 pour l’ancien test, et aussi 4 fois plus de lésions précancéreuses, qui peuvent être ensuite enlevées au cours d’une coloscopie, assurant ainsi une vraie prévention du cancer.
Il est techniquement plus facile à faire (1 prélèvement de selles au lieu de 6) et  plus sensible. Enfin, cette technique permet une lecture automatisée est utilisée 

La sigmoïdoscopie tous les 5 ans
C'est une méthode peu utilisée en France pour le dépistage. Elle explore le rectum et le bas du côlon sigmoïde sur environ 50 cm. C’est une méthode validée qui permet de diminuer la mortalité par cancer colorectal dans les pays anglo-saxons 
Les polypes ayant plus de 1 cm doivent être prélevés par biopsie puis examinés au microscope. Si les polypes sont plus gros ou si des polypes adénomateux ou des cancers sont découverts, une coloscopie doit être effectuée.

Le colo-scanner (à l’air)
Les performances diagnostiques de cette technique sont comparables à la coloscopie, avec un taux de détection des cancers de 96 % et de plus de 90 % des polypes de plus de 10 mm. Sa sensibilité est moindre pour les lésions plus petites. Son acceptabilité est meilleure : 34 % contre 22%.
Lorsque le colo-scanner est proposé, s'il s'avère positif, il doit être suivi par une coloscopie diagnostique.

La colonoscopie de dépistage
L'étude portant sur plus de 84 000 patients (N Engl J Med 2022; 387:1547-1556), le risque relatif à 10 ans de développer un cancer colorectal était diminué de 18 % dans le groupe "colonoscopie". Le risque de décès par cancer colorectal n'était, quant à lui, peu modifié par le dépistage.

LES MÉTHODES NON VALIDÉES

On entend par méthodes non validées, des examens de dépistage qui n’ont pas démontré que leur utilisation diminuait la mortalité par cancer colorectal. Cela ne veut par dire qu’elles sont inutiles mais, que leur utilisation systématique, ne peut pas être recommandée.

  • La recherche de l’ADN fécal représente une technique d’avenir prometteuse susceptible de faciliter et de simplifier le dépistage de la maladie, notamment grâce au développement de tests sériques.
  • La coloscopie est l’examen le plus sensible mais son utilité n’a pas encore été évaluée dans le dépistage de masse du cancer colorectal.
  • La vidéo-capsule colique permet un taux d’exploration complète de l'ordre de 80 %. C'est une méthode potentiellement intéressante mais des études cliniques spécifiques au dépistage de patients à risque moyen sont nécessaires pour valider la méthode.

Le dépistage à prouvé son efficacité...

DETECTER PRECOCEMENT...

Plus tôt un cancer ou un polype est détecté, plus grandes sont les chances de guérison. De ce fait, le dépistage des sujets ne ressentant pas de symptômes est très important et concerne tout le monde.
Le dépistage a prouvé son efficacité et permet de détecter des anomalies, en particulier des polypes, dans le côlon avant qu’ils ne se transforment en cancer ou de de découvrir des cancers à un stade précoce pour lesquels les chances de guérison sont les plus grandes.

 LES RÉSULTATS ATTENDUS...

On estime actuellement que le dépistage par la recherche de sang dans les selles tous les 2 ans, de 50 à 75 ans, permettrait de réduire le nombre des décès par cancer colorectal de 15 à 20 %.
De plus, une étude récente portant sur 33 020 participants à montré que ce bénéfice en termes de réduction de la mortalité liée au cancer colorectal persistait au-delà de 30 ans.

Quel dépistage pour quel niveau de risque ?

NIVEAUX DE RISQUE

Habituellement, la stratégie de dépistage se détermine selon trois niveaux de risque : moyen, élevé ou très élevé. À chaque niveau correspond des recommandations de dépistage et de suivi.

  • Risque moyen : hommes et femmes de plus de 50 ans, asymptomatiques.
  • Risque élevé : antécédent personnel d’adénome ou de cancer colorectal, antécédents familiaux de cancer colorectal chez les parents de 1er degré (père, mère, frère, sœur, enfant) et l'existence d'une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (maladie de Crohn colique, rectocolite hémorragique).
  • Risque très élevé : en cas de polyposes adénomateuses familiales (liées la mutation APC, liées à la mutation MYH9) ainsi qu'en cas de cancer colorectal héréditaire non polyposique (syndrome de Lynch)
     

 LES MODALITÉS DE DÉPISTAGE

  • Sujets à risque faible ou moyen : dépistage organisé par la recherche de sang dans les selles par le test immunologique tous les 2 ans
  • Sujets à haut risque : une coloscopie de dépistage à 45 ans ou un dépistage 10 ans plus tôt si un parent, au moment de la découverte d’un cancer colorectal, avait moins de 55 ans
  • Sujets à très haut risque : coloscopie de dépistage entre 20 et 25 ans ou 5 ans avant l’âge du cancer le plus précoce de la famille

Quel dépistage pour qui ....

Risque Moyen Élevé Très élevé
La cible

Population générale
50 à 74 ans
Asymptomatique.

Antécédents personnels de maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) : maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique.

Antécédents d’adénome ou de cancer colorectal, personnel ou familial (1er degré)

Prédisposition héréditaire
Polypose adénomateuse familiale (PAF)
Cancer colorectal héréditaire non polyposique (syndrome de Lynch).

Comment ?

Dépistage organisé
Recherche de sang occulte dans les selles (tous les 2 ans)

Dépistage individuel
Consultation gastro-entérologie/ suivi spécialisé.
Coloscopie, chromo-endoscopie

Dépistage individuel
Consultation oncogénétique (recherche mutation)
Consultation gastro-entérologie
Chromo-endoscopie

 

Le dépistage organisé, en France

Les critères d’éligibilité sont les suivants :

  • L’absence  de symptômes car ce n’est pas un test de diagnostic (dans le cas contraire, une coloscopie d'emblée s'impose)
  • Avoir entre 50 et 74 ans
  • Ne pas avoir d'antécédents personnels de polypes, de cancer du côlon ou de maladies inflammatoires de l'intestin (colite ulcéreuse ou maladie de Crohn), coliques qui impliquent un suivi coloscopique
  • Ne pas avoir d’antécédents familiaux de cancers chez les parents 1 er degré (père – mère - fratrie), un cancer ou un polype avant 65 ans qui impliquent un suivi coloscopique  
     

Les critères de non éligibilité sont les suivants :

  • Vous avez une maladie intercurrente, comme par exemple un autre cancer récent dont on attendra la rémission
  • Votre dernière coloscopie est normale (ou test récent), dans ce cas votre médecin précisera  la date pour qu'un dépistage puisse être programmé dans 5 ans après une coloscopie ou  2 ans après un test
     

Il est basé sur la recherche de sang sur les selles, en utilisant le test immunologique qui dépiste deux fois plus de cancer et trois à quatre fois plus d'adénomes, mais au prix d'une augmentation des coloscopies.

Le dépistage organisé pour la période 2020 - 2021

Environ 6,1 millions de personnes ont réalisé un test de dépistage représentant un taux de participation de 34,6 % contre 30,5% en 2018-2019. La participation au programme de dépistage organisé du cancer colorectal est la plus élevée depuis 2010. Le taux de participation est plus élevé chez les femmes (35,7 %) que chez les hommes (33,5 %). Il augmente avec l’âge et est variable selon les départements :

  • Chez les hommes : 31,9 % chez les 50-54 ans à 39,6 % chez les 70-74 ans
  • Chez les femmes : 33,5 % chez les 50-54 ans à 39,5 % chez les 70-74 ans
  • Les taux les plus bas sont observés en Corse (17,3 %) et dans certain DOM/TOM. les taux les plus élevés sont observés dans le Maine-et-Loire (49,2 %), la Saône-et-Loire (46,2 %) et l’Isère (45,8 %)
     

La proportion de tests positifs est de 3,6 % (219 910 personnes dépistées positives). Elle varie selon les départements de 3,2 % à 4,4 %. Elle est plus élevée chez les hommes (4,3 %) que chez les femmes (3,0 %), qui augmente avec l’âge :

  • Chez les hommes : 3,7 % chez les 50-54 ans et 5,7 % chez les 70-74 ans
  • Chez les femmes : 2,7 % chez les 50-54 ans et 3,8 % chez les 70-74 ans

Participation au dépistage organisé en 2021

  • 30,5 % des personnes de 50 à 74 ans éligibles (soit 5 293 688 participants)
  • 17 061 cancers colorectaux détectés (3 pour 1000 personnes dépistées)
  •  67 899 adénomes avancés détectés (12,3 pour 1000 personnes dépistées)
     

En cas de formes familiales…

UNE RECHERCHE GÉNÉTIQUE

En cas de suspicion de pathologie génétique, le spécialiste vous recommandera d’effectuer, dans un premier temps, la recherche d’une instabilité des microsatellites (MSI) sur l’ADN des cellules tumorales, obtenues à partir de la biopsie, correspondant au phénotype MSI.
Par immunomarquage et étude immunohistochimique de l’expression des protéines hMLH1, hMSH2, hMSH6. La protéine hMSH2 qui décèle l’erreur de transcription des acides aminés, et la protéine MLH1 qui corrige la faute. Les cellules tumorales ne possèdent pas ces protéines.
La mise en évidence du phénotype MSI doit faire évoquer une pathologie génétique intégrée dans le cadre du syndrome HNPCC (human non polyposis colorectal cancer) dans lequel ils adoptent alors de multiples localisations (côlon, estomac, endomètre, pancréas, voies biliaires, rein, uretères…). 

DEUX SITUATIONS PARTICULIÈRES... 

Il y a un ou des cas de cancers colorectaux non polyposique familiaux (HNPCC)... 
Vous devriez envisager une consultation d’oncogénétique et discuter de l’utilité, pour vous, de la réalisation d'un test génétique. Le dépistage familial consiste en :

  • Une coloscopie tous les 2 ans dès l’âge de 25 ans ou 5 ans avant l’âge de diagnostic le plus précoce dans la famille.
  • Un examen gynécologique annuel dès l’âge de 30 ans avec échographie endovaginale et frottis.
     

Il y a des cas de polypose colique familiale (FAP), dans la famille …
Vous devriez envisager une consultation d’oncogénétique et discuter de la réalisation d'un test génétique pour savoir si vous êtes porteur du gène. Si la polypose adénomateuse familiale est associée avec une mutation du gène APC , le dépistage consiste en les examens suivants :

  • Une recto-sigmoïdoscopie annuelle de tous membres de la famille dès l’âge de 10-12 ans
  • Une duodénoscopie à la recherche de polypes duodénaux.
     

Une colectomie totale préventive ou coloprotectomie doit être discutée si le diagnostic de polypose colique familiale est confirmé, car c’est la seule façon de prévenir le développement d’un cancer colorectal.   

 

  Indications de test génétique APC 

  • Test diagnostic à la recherche d’une FAP si avez plus de 100 adénomes lors d’une coloscopie ou une forme atténuée de FAP
  • Test sanguin de dépistage de la FAP pour les membres de la famille d’un sujet avec une FAP ou si des mutations APC sont avérées

 

Vous avez été opéré, mais vous n’avez jamais eu de coloscopie …
Vous devriez faire pratiquer une coloscopie dans un délai d’un an après l’opération. Si la coloscopie est anormale, la coloscopie suivante doit être pratiquée après 3 ans. Si cette coloscopie est normale, elle doit être répétée après 5 ans.


 

 

@ Pour plus de détails, allez à ONCOGENETIQUE

Des chiffres à méditer !

  • 44 % des cancers diagnostiqués à un stade d’extension locale, 23 % à un stade d’extension régionale et 33 % à un stade avancé
  • Les cancers diagnostiqués à un stade d’extension locale plus fréquents chez les 40-74 ans
  • Un cancer sur 4 est à un stade d’extension régionale chez les patients de moins de 75 ans
  • Les cancers de stades avancés plus fréquents chez les moins de 40 ans et les plus de 74 ans

Mise à jour

9 novembre 2023