Les formes habituelles
Les tumeurs épithéliales (adénocarcinomes)
LES TISSUS DE L'OVAIRE
L’ovaire est une glande constituée de plusieurs tissus aux fonctions différentes. Chacun de ces tissus peut être à l'origine d'une transformation néoplasique bénigne ou maligne ce qui explique la très grande variété des lésions ovariennes.
L'ovaire est recouvert par un épithélium qui est en continuité avec le péritoine mais non recouvert par lui pour permettre l’ovulation.
LES TUMEURS ÉPITHÉLIALES
L'épithélium recouvrant les ovaires est à l’origine de 90 % des tumeurs ovariennes, qu'elles soient bénignes et, le plus souvent, kystiques ou malignes ou à malignité atténuée, dites encore “frontières“ ou "borderline".
Les spécialistes distingue sept différents sous-types histologiques : séreux (50 à 70 %), endométrioïdes (10 à 25 %), mucineux (5 à 10 %), à cellules claires (5 %) et trois sous-types beaucoup plus rares (à cellules transitionnelles, indifférenciés et mixtes).
Contrairement aux cancers du sein, il n’existe pas de différence significative concernant les caractéristiques histologiques des cancers de l’ovaire survenant dans le contexte des mutations du gène BRCA1 ou du gène BRCA2 . Il s’agit d’adénocarcinomes, souvent peu différenciés et de haut grade nucléaire répondant à la voie de carcinogenèse « de type 2 » (initiée au niveau de l’épithélium tubaire pour les adénocarcinomes séreux de haut grade).
Les tumeurs épithéliales séreuses
LA FORME LA PLUS FREQUENTE
C’est le type de cancer de l’ovaire le plus répandu et qui correspond à environ 40 % des tumeurs épithéliales. La maladie touche, le plus souvent, les femmes âgées de 40 à 60 ans.
Les tumeurs sont bilatérales dans environ un tiers des cas. Elles peuvent être de bas, rarement ou, le plus souvent, de haut grade. Dans ce dernier cas, on observe un taux élevé de mutations.
Elles ont une parenté morphologique et immunohistochimique avec le revêtement épithélial tubaire et cœlomique. Lors de l'examen immuno-histo-chimique, ces tumeurs expriment le facteur de transcription WT1, impliqué dans la morphogenèse urogénitale. Les récepteurs des œstrogènes et de la progestérone sont exprimés dans respectivement 80 et 30 % des cas. Ces tumeurs sont cliniquement agressives et habituellement, au moins initialement, chimiosensibles.
LES NOUVELLES DONNÉES
La cellule d’origine de ces carcinomes séreux de haut grade serait la cellule sécrétoire du revêtement de la région ampullo-pavillonnaire de la trompe de Fallope. Une séquence de lésions tubaires précancéreuses serait impliquée, avec, successivement, apparition de lésions de :
- SCOUT (Secretory Cell OUTgrowth), remplacement des cellules ciliées tubaires par des cellules sécrétoires, de “signature TP53” (acquisition de mutation et d’un immunomarquage TP53 positif , sans altération morphologique)
- TILT (Tubal Intraepithelial Lesions in Transition) , acquisition d’un phénotype prolifératif et d’altérations cyto-architecturales)
- STIC (Serous Tubal Intraepithelial Carcinoma ), lésion de carcinome séreux in situ sur le revêtement épithélial tubaire.
Lors de menstruations rétrogrades, les cellules tubaires impliquées dans ces lésions précancéreuses desquameraient, migreraient et se grèfferaient à la surface ovarienne pour donner naissance, finalement, au carcinome ovarien séreux de haut grade.
Les tumeurs épithéliales moins fréquentes
Le type mucineux
Il présente des cellules mucosécrétantes, soit de type endocervical, soit de type intestinal.
Les carcinomes à cellules transitionnelles
Ils s’approchent davantage du carcinome séreux de haut grade et sont classés, par l'OMS, comme une variante de carcinome séreux de haut grade.
Les carcinomes endométrioïdes
Elles constituent 20 % des tumeurs épithéliales communes et sont les plus courantes chez les femmes de 50 à 70 ans. Ils présentent une parenté morphologique avec le tissu épithélial endométrial.
L’endométriose semble être le précurseur de ce type de carcinome. Les carcinomes endométrioïdes se développeraient à partir de foyers d’endométriose, auxquels ils sont associés dans 23 à 42 % des cas.
Ce type histologique est souvent associé au syndrome de Lynch.
En résumé, les différentes tumeurs épithéliales de l'ovaire
Type |
% |
Caractéristiques |
Cellule d’origine |
Lésion initiale |
Altérations génomiques |
Séreux |
75% |
Souvent bilatéral |
Trompe de Fallope |
Séreuse intra-épithéliale de la trompe |
Instabilité génomique, TP53, réparation ADN homologue défectueuse, amplifications CCNE1, PIK3CA |
Séreux |
<5% |
Souvent bilatéral |
Trompe de Fallope ? |
Bénigne ou “borderline” |
KRAS, BRAF |
Endométrioïde |
~10 % |
Glandulaire souvent avec une différenciation épidermoïde; unilatéral, bas grade |
Endométrial |
Endométriose |
PTEN inactivé, mismatch repair deficiency, circuit Wnt–β-caténine activé |
Cellules claires |
~6 % |
Unilatéral |
Endométrial |
Endométriose |
Activation ARID1A, PIK3CA, mutation PTEN |
Mucineux |
<5% |
Cellules de type gastro-intestinal contenant de la mucine |
? |
Bénigne ou “borderline” |
Amplifications CDKN2A, KRAS, TP53, HER2 |
Mise à jour
25 avril 2024