Effets indésirables
Les toxicités spécifiques des inhibiteurs de tyrosine kinase de la voie du récepteur B (BCRi) :
Inhibition de la Bruton Tyrosine Kinase (BTK) par l’ibrutinib (Imbruvica™)
Bien que « thérapie ciblée », l’ibrutinib présente certains effets secondaires, expliqués par l’expression de BTK sur d'autres types cellulaires et/ou par l’inhibition « off target » d’autres tyrosine kinases. De ce fait, il a été observé :
- Un syndrome hémorragique (50 % des patients dans les premiers mois). Son association avec les traitements anticoagulants ou antiagrégants plaquettaires peut augmenter le risque hémorragique.
- Des troubles du rythme cardiaque chez environ 10% des patients? Ces effets secondaires impliquent une surveillance cardiologique.
- Une augmentation du risque d'infections bactériennes ou fongiques invasives
- Des diarrhées par perturbation de l’homéostasie microbiote/cellules immunitaires intestinales.
- Des douleurs articulaires (arthralgies) diffuses.
Par ailleurs, de nombreux médicaments présentent des interactions médicamenteuses pouvant modifier les
Enfin, il est recommandé de ne pas utiliser d’inhibiteurs de la pompe à protons (remplacé par la ranitidine) et de diminuer la dose d’ibrutinib en cas d’association avec un inhibiteur du cytochrome P450 (Azolés, érythromycine, ciprofloxacine,etc).
L’Inhibition de la phosphatidylinositol-3 kinase δ (PI3K-δ) par le Zydelig®
Le profil de tolérance est différent de l’ibrutinib, avec des évènements conduisant à la réduction ou l’arrêt du traitement :
- des neutropénies profondes (40%)
- des pneumopathies interstitielles (13%)
- Des diarrhées profuses par le même mécanisme que l’ibrutinib, mais avec une fréquence bien plus importante et qui augmente avec le temps
- Des infections (notamment à CMV)
- Une cytolyse hépatique (10%)
Les toxicités associées surtout avec les chimiothérapies
LA BAISSE TEMPORAIRE DU NOMBRE DE CELLULES SANGUINES
Cela comprend les cellules sanguines qui luttent contre les infections (globules blancs ou leucocytes), celles qui aident à la coagulation (plaquettes) et enfin celles qui transportent l'oxygène (globules rouges). Quand les cellules sanguines sont très diminuées en nombre, les patients peuvent être plus sujets aux infections, avoir des bleus et saigner facilement. Ils peuvent aussi se sentir particulièrement fatigués. Au cours d’un traitement de chimiothérapie standard, le taux des cellules sanguines baisse pour atteindre un minimum (nadir), le plus souvent entre le 8° et le 14° jour après le début du cycle. Afin de surveiller l’évolution des cellules sanguines dans le temps, votre médecin pourra vous demander de réaliser des prises de sang régulières entre chaque cycle de chimiothérapie.
Dans tous les cas, une prise de sang est nécessaire avant chaque perfusion de chimiothérapie pour s’assurer que le taux des cellules sanguines est revenu à un niveau permettant de réaliser la perfusion suivante. Généralement, il est demandé avant chaque cycle que le taux de polynucléaires neutrophiles (une forme de globules blancs ou leucocytes) soit supérieur à 1 500/mm3 et que le taux de plaquettes soit supérieur à 100 000/mm3.
UNE INFECTION ?
La survenue d’une fièvre au cours de la chimiothérapie n’est pas un évènement très fréquent, mais qui mérite attention. Si vous sentez fébrile entre les cycles de traitement, il est utile de prendre sa température. Il est déconseillé de prendre la température avec un thermomètre standard (à mercure) au niveau de l’anus, car, dans cette période de fragilité de certains tissus, vous risqueriez de vous blesser la muqueuse rectale. Plusieurs méthodes alternatives sont possibles, y compris la mesure de la température avec le thermomètre standard laissé 3 minutes, montre en main, sous le bras (sous l’aisselle) qui donne une température à laquelle il faut rajouter 0,5°C pour avoir la vraie température du corps (exemple : température mesurée sous le bras = 37°5C, vraie température du corps = 38°C).
Si votre température atteint ou dépasse 38°5C entre 2 cycles de chimiothérapie, et particulièrement si vous ressentez des frissons, il est important d’appeler le médecin de votre équipe soignante. Il pourra vous demander de pratiquer une prise de sang (NFS + plaquettes) en urgence pour vérifier que vous n’êtes pas en aplasie, c’est à dire que votre taux de polynucléaires neutrophiles (une forme de globules blancs ou leucocytes) ne se trouve pas au-dessous de 1000/mm3 ou même 500/mm3.
La survenue d’une fièvre supérieure ou égale à 38°5C et d’un taux bas de polynucléaires neutrophiles peut faire craindre une infection alors que vos défenses contre les infections sont temporairement altérées. Dans ce cas, le médecin peut demander que vous soyez hospitalisé quelques jours pour administrer des antibiotiques à large spectre par voie intraveineuse. Dans certains cas, il vous demandera de prendre des antibiotiques par la bouche à la maison
LA FATIGUE
Elle est très fréquente au cours des traitements par chimiothérapie. Une des raisons de la fatigue est la baisse du taux des globules rouges (ou du taux d’hémoglobine) qui survient fréquemment au fur et à mesure des cycles de chimiothérapie. L’administration de transfusions ou de médicaments de type érythropoïétine (EPO) sont des solutions pour diminuer l’anémie et la fatigue.
La fatigue est aussi favorisée par le changement de vie pour vous et votre entourage que représentent les traitements. Il est également normal de ressentir une certaine inquiétude pour l’avenir, et certaines malades se sentent déprimés. N’hésitez pas à vous faire aider pour traverser cette période !
LA PERTE DES CHEVEUX ET/OU DES POILS
Les cellules à division rapide dans les racines des cheveux et des poils peuvent être touchées par les médicaments de chimiothérapie. Ceci entraîne une chute transitoire des cheveux et des poils. Cette chute est plus ou moins importante selon les traitements et débute le plus souvent 2 à 3 semaines après le premier traitement. Vous lui demanderez s’il existe un risque que vous perdiez suffisamment de cheveux pour nécessiter le port d’une perruque.
Dans ce cas, il peut être préférable d’acheter une perruque avant que les cheveux ne tombent. Ainsi vous pourrez une perruque avec des cheveux de votre couleur habituelle et qui soient coupés selon la coupe de cheveux que vous souhaitez. Il est peu conseillé de faire des manipulations trop violentes à vos cheveux pendant le traitement de chimiothérapie. Ce n’est pas le moment idéal pour les permanentes ou teintures.
Dès que le traitement de chimiothérapie est terminé et que les cheveux repoussent, rien ne s’oppose à une teinture.
Les cheveux repoussent en quelques mois. Souvent, vous serez agréablement surpris par la nouvelle pousse de cheveux, car vous pourrez constater qu’ils sont plus beaux qu’avant. Parfois, vous constaterez que vos cheveux sont de couleur et de texture légèrement différentes.
LES NAUSÉES ET LES VOMISSEMENTS
L’organisme perçoit les médicaments de chimiothérapie comme toxiques et réagit en voulant les rejeter par des nausées et des vomissements. Il s’agit d’une réaction inadaptée, puisque, le plus souvent les médicaments sont injectés par voie intraveineuse. Ce type de réaction est variable selon les médicaments inclus dans le traitement et selon les patients.
Les vomissements peuvent survenir surtout dans les heures qui suivent l’administration de la chimiothérapie, plus rarement au cours des jours suivants. Des médicaments puissants vous seront proposés pour limiter les vomissements. Ce sont les corticoïdes à forte dose (Soludécadron™, Solumédrol™, etc.) associés à une classe de médicaments appelés « sétrons » (Kytril™, Navoban™, Zophren ™).
Les vomissements sont aussi influencés par votre attitude vis-à-vis du traitement. Plus vous êtes nerveux, moins vous acceptez le traitement, plus vous êtes à risque d’avoir des vomissements. Si vous n’arrivez pas à vous décontracter suffisamment, demandez à votre médecin si vous pouvez prendre un calmant ou un anxiolytique la veille et/ou le matin de votre séance de traitement.
Les nausées peuvent persister quelques jours après le traitement. Pour diminuer leur survenue, votre médecin vous proposera de prendre pendant quelques jours des médicaments anti-nauséeux (corticoïdes, Primpéran™, Vogalène™ ou sétrons) et de l' Emend™ médicament commercialisé pour lutter contre ce type d’effet secondaire.
LES TROUBLES DU TRANSIT INTESTINAL
Certains médicaments de chimiothérapie comme l’étoposide peuvent provoquer de la diarrhée et des mesures spécifiques peuvent être nécessaires. A l’inverse, les dérivés de la pervenche et les « sétrons », donnés comme traitement préventif des nausées et des vomissements, favorisent la constipation. D’une façon générale, la chimiothérapie entraîne une certaine irrégularité du transit intestinal.
En fonction de la perturbation observée, vous pouvez être amené à modifier votre régime alimentaire pour tenter de régulariser votre transit intestinal.
LA MUCITE ET LES APHTES
La muqueuse de la bouche est souvent sensible à l’action de la chimiothérapie. En effet, les cellules des muqueuses digestives sont parmi celles qui se divisent le plus vite des tissus de l’organisme. De plus, lorsque le taux de globules blancs au cours de la chimiothérapie baisse, la muqueuse a moins de défense contre les germes qui sont présents naturellement dans la bouche. Enfin, certains médicaments, comme la doxorubicine, l’étoposide, etc., sont plus toxiques pour la muqueuse de la bouche que d’autres.
- Dans un premier temps, la muqueuse de l’intérieur de la bouche a tendance à s’enflammer (mucite), à devenir rouge et sensible. A ce stade, il est important de demander à votre médecin des bains de bouche spéciaux à base de bicarbonate et d’antiseptiques parfois associés à des antifongiques (médicaments contre les champignons).
- Ce traitement peut éviter que n’apparaissent des petites ulcérations (aphtes) à l’intérieur de la bouche ou sur le bord de la langue.
- Assez souvent on peut alors également observer un dépôt blanchâtre sur ou autour des aphtes, voire de façon un peu plus diffuse dans la bouche et sur la langue. Il s’agit de champignons de type Candida, gênants mais rarement toxiques, qui se développent en profitant de cette période de faiblesse de défense. Dans ce cas, votre médecin vous proposera un traitement dirigé contre ces champignons.
Mise à jour
24 décembre 2023