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Causes infectieuses

Un cancer humain sur sept à une cause infectieuse !

On estime qu’actuellement environ un cancer humain sur sept a pour origine une infection virale, bactérienne ou parasitaire.
Selon le rapport du CIRC (Centre international de Recherche sur le Cancer), en 2008, 2 millions de nouveaux cas de cancer sur un total de 13 millions dans le monde, soit 16 %, seraient liés à des infections.
Près d’un quart des cancers survenant dans les pays en voie de développement seraient liés à des agents infectieux. Pour les pays développés, cette proportion est nettement plus faible, de l'ordre de 7 %.
Parmi les onze pathogènes connus, quatre causent à eux seuls 1,9 million de nouveaux cas de cancers chaque année, c’est-à-dire la très grande majorité de cancers d’origine infectieuse

 

Les cancers liés à un pathogène

  • Estomac : Helicobacter pylori
  • Foie : virus de l'hépatite B (VHB), de l'hépatite C virus (VHC), Opisthorchis viverrini , Clonorchis sinensis
  • Col de l'utérus : Papillomavirus (HPV) avec ou sans co-infection avec le virus du SIDA (VIH)
  • Ano-génital (pénis, vulve, vagin, anus) : HPV avec ou sans co-infection avec le VIH
  • Nasopharyngéal : virus Epstein-Barr (EBV)
  • Oropharynx : HPV avec ou sans consommation de tabac et/ou d'alcool
  • Maladie de Kaposi : Herpesvirus type 8 avec ou sans co-infection avec le VIH
  • Lymphome non hodgkiniens : H pylori , EBV avec ou sans co-infection avec le  VIH, VHC, HTLV1
  • Maladie de Hodgkin : EBV avec ou sans co-infection avec le VIH
  • Vessie : un parasite Schistosoma haematobium

Onze agents infectieux ont été répertoriés comme carcinogènes ...

Une bactérie

Des virus à ADN

  • Les virus des hépatites B et C,  à l’origine des cancers du foie
  • Le virus d'Epstein-Barr (EBV), impliqué dans le carcinome du nasopharynx, le lymphome de Burkitt, les lymphomes non hodgkiniens relié à une immunosuppression, le lymphome T/NK de type nasal et la maladie de de Hodgkin
  • Le virus de l’immunodéficience humaine de type 1 (VIH-1) impliqué dans la maladie de Kaposi, certains lymphomes non hodgkinien, la maladie de de Hodgkin, le cancer du col, anus
  • L’herpès virus humain de type 8 (HHV-8 également appelé virus herpes du sarcome de Kaposi),
  • Les papillomavirus ( HPV types 16, 18, 31, 33, 5, 39, 45, 51, 52, 56, 58 et 59 à haut risque), à l’origine des cancers du col de l’utérus, des cancers ano-génitaux, ainsi que dans des cancers des voies aéro-digestives supérieures (VADS), en particulier les cancers épidermoïdes de l'oropharynx
  • Le virus HTLV-1 responsable de leucémies

 Des parasites

  • L' Opisthorchis viverrini est un vers (trématode) qui peut parasiter les voies biliaires et est alors le responsable de cancers des voies biliaires
  • le Clonorchis sinensis ou douve de Chine est un vers plat parasite, responsable de cancers du foie
  • Le Schistosoma haematobium est un vers plat parasite non segmenté Il est responsable de la bilharziose, et de tumeurs de la vessie. 

Les cancers viro-induits

LE VIRUS D'EPSTEIN-BAR

Ce virus appartient à la famille des Herpesviridae 
C'est un virus très répandu et ubiquitaire qui possède un tropisme pour les lymphocytes. Il est classé dans la sous-famille des Gammaherpesvirinae. 
Il a été initialement découvert dans certains lymphomes B par Epstein et Barr en 1964 (Lancet 1964 pp.252-3). Il s’agissait de lymphomes de Burkitt africain touchant les enfants au niveau des mâchoires et sévissant dans les zones d’endémie palustre. 
 
C'est l'agent causal de la mononucléose infectieuse (MNI)
La principale pathologie associée à la primo-infection de l’adulte a été découverte de façon fortuite. Dans un laboratoire où l’on manipulait l’EBV, une des techniciennes qui n’avait pas d’anticorps anti-EBV servait de témoin négatif dans de nombreuses expériences. Au retour d’un arrêt maladie, secondaire à une mononucléose infectieuse, son sérum était inutilisable, car riche en anticorps anti-EBV. Il est ainsi apparu que la mononucléose infectieuse, dont on cherchait depuis longtemps le virus responsable, était en fait due à l’EBV. 

DE L’HÉPATITE B (VHB) , C (VHC) et D (VHD) 

Il sont des éléments déterminants dans la genèse des cancers primitifs du foie, ou hépatomes. 
La vaccination généralisée contre l’hépatite B a d’ores et déjà fait chuter le nombre de cancers du foie dans certains pays où la maladie est endémique. 
  
Son implication dans certains cancers
 Il est impliqué dans la genèse de certains lymphomes, y compris de la maladie d'Hodgkin. On estime, pour cette dernière, que le virus est l'origine de près de 30 000 cas dans le monde Ce virus est aussi impliqué dans certains cancers du  cavum, cancer relativement rare au traitement spécifique de la sphère ORL. 

 LE VIRUS ASSOCIÉ AU SARCOME DE KAPOSI ( HHV-8 KSHV) 

C'est un autre gamma herpès virus découvert en 1994 dans la maladie de Kaposi d'un patient infecté par le VIH. Sa prévalence est faible (< 10 %) sauf en Afrique. 
En dehors du sida, la maladie de Kaposi touche le Méditerranéen, l’homme âgé africain et le transplanté sous immunosuppresseur.
Ce virus est aussi associé à deux rares syndromes lymphoprolifératifs : le lymphome primitif des séreuses (PEL) et la maladie de Castleman multicentrique. 

LE VIRUS HTLV-1 

C'est un rétrovirus à ARN découvert en 1980. Il est transmis par le sang, le sperme et l'allaitement. La plupart des personnes infectées par ce virus ne ressentent aucun symptômes. 
Dans 3 à 5 % des cas, l'infection est associé à une forme de leucémie lymphoblastique aiguë ou de lymphome à lymphocytes T fréquents en Asie et en particulier au Japon. 

D'AUTRES VIRUS...
 
Certains virus de la famille des Herpesvirus , comme l'HSV (virus Herpès simplex), ou le SV40 ont été incriminés mais de manière moins convaincante. 
Le polyomavirus à cellules de Merkel (MCPyV) découvert en 2008 est incriminé dans la genèse d'un cancer cutané rare mais agressif, le carcinome à cellules de Merkel dont l’incidence tend à augmenter, notamment chez l’immunodéprimé et en cas de maladie de Castleman.

Les principaux cancers associés à l'EBV

 

Association à une infection par l’EBV

(%)

Lymphome non hodgkinien
(LNH)

Lymphomes B diffus à grandes cellules

Hors VIH

10

Patient VIH +

30-50

Lymphomes de Burkitt

Endémique

100

Sporadique

15-20

Patient VIH +

30-60

Lymphomes T/NK

De l’enfance

100

Extra nodal

100

Primaire nodal

100

Leucémie NK

95

Maladie de Hodgkin

Cellularité mixte

70-90

Déplétion lymphocytaire

 

Scléronodulaire

15-20

Riche en lymphocytes

 

Patient VIH +

> 90

Syndrome lymphoprolifératif
post-transplantation

Organe solide

50-100

Greffe CSH

100

Cancer du nasopharynx

CNP de type II et III (OMS)

100

Cancer gastrique

 

10

Léimomyosarcome

Patient VIH ou transplanté

100

Les infections à Papillomavirus

DES VIRUS TRÈS RÉPANDUS...

Il est estimé que plus de 600 000 des cancers dans le monde, soit près de 5 %, seraient attribuables à une infection par HPV.
L’implication des HPV et en particulier de ceux à haut risque oncogène est retrouvée dans environ 5 à 10 % de la totalité des cancers.
Parmi ces cancers, les lésions gynécologiques sont les plus fréquentes et le rôle pathogène des HPV à haut risque est aujourd’hui acquis dans la quasi-totalité des carcinomes épidermoïdes du col de l’utérus ou vulvaires.
La famille des Papillomaviridae regroupe un grand nombre de virus retrouvés dans différentes espèces de mammifères, oiseaux et reptiles. 
Chez l’Homme, on distingue plus de 120 types différents d’HPV regroupés dans divers genres et espèces. 

Les HPV au haut risque... 

Ce sont surtout pour les sérotypes HPV16, 18, 26, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 53, 56, 58, 59, 66, 67, 68, 69, 70, 73, 82. Ces virus sont impliqués dans la tumorigenèse de certains carcinomes, en particulier épidermoïdes. 
Ils sont associés au développement de cancers de la zone ano-génitale : cancers du col de l'utérus, de l'anus, du pénis et de la cavité orale (en particulier de l'oropharynx). 
Ils sont à l’origine du développement du cancer du col de l’utérus dans près de 100 % des cas. Ils sont aussi impliqués dans certains cancers du vagin, de la vulve ou du pénis. Ils représentent un des éléments causatifs dans le développement des cancers de l’anus . Ils sont aussi associés avec le développement de certains cancers de la sphère ORL 

CANCERS & INFECTION A HPV

A l'échelle mondiale, en 2015, on estime qu'environ 700 000 cancers par an sont liés à une infection par le Papillomavirus. Cela représente environ 4,5 % de l’ensemble des cancers et un près d'un tiers des tumeurs ayant une origine infectieuse.

Les différents HPV et leurs conséquences

 

HPV 

 Oncogénicité

Sérotypes les plus fréquents

Clinique

Cutanés 

Non oncogéniques

1, 2, 3, 4,105, 8, 14, 17, 20

Verrues plantaires
Carcinomes épidermoïdes

Muqueux

Bas risque

6, 11

Condylomes acuminés
Papillomes laryngés et buccaux

Haut risque 

16, 18

Cancers du col utérin et lésions précancéreuses
Carcinomes : pénis, vulve, vagin, anus
Carcinomes de sphère ORL

 

Les cancers induits par HPV dans le monde et en Europe

 

Localisation Nombre de cas Fraction attribuable
Col de l'utérus 560 000/ EU 23 000 560 000
Anus 48 000/ EU 2800 43 000 EU 1 600
Vulve 44 000/ EU 3 700 11 000
Vagin 17 600 13 700
Pénis 34 500/ EU  1 000

17 300

Oropharynx

93 000/ EU 13 900

30 000

 

La vaccination anti-HPV pour les hommes

LE CONTEXTE

Le papillomavirus humain (HPV) est responsable chaque année de 70.000 cas de cancer dans le monde chez l’homme (pénien, anal, sphère ORL, et diverses tumeurs de la tête et du cou). Près de 80% d’entre eux sont liés à une infection par le HPV16 et 18. Pour leur part, les génotypes HPV6 et 11 sont responsables de 90% des cas de verrues génitales externes (condylomes).

LES EVIDENCES SCIENTIFIQUES

 L'étude publiée dans The Lancet Infectious Diseases (novembre 2021) avait pour objectif d’évaluer l’incidence des verrues génitales externes liées aux HPV 6 et 11, celle des lésions génitales et des dysplasies anales liées aux HPV 6, 11, 16 et 18, ainsi que l’immunogénicité et la sécurité du vaccin sur une période de 10 années suivant la dernière dose de vaccin.
Parmi les sujets inclus dans l’étude initiale, 1.373 ont été enrôlés dans la phase d’extension et ont été suivis jusqu’à la fin de la phase d’extension, 709 issus du groupe vaccination précoce avec un suivi de 9 ans et demi après la 3e dose, et 664 dans le groupe vaccination de rattrapage, avec un suivi de 4,7 ans.

LES RESULTATS

Au sein du groupe vaccination précoce, le suivi à long terme a montré une incidence des condylomes liée au HPV6 ou 11 de 0,0 [0,0 – 8,7] par rapport au groupe placebo de l’étude initiale 137,3 [83,9-212,1] pour 10.000 personnes-années.
L’incidence des condylomes liées aux 4 génotypes du vaccin était de 0,0 [0,0 – 7,7] contre 140,4 [89,0 – 210,7] chez les sujets non vaccinés du groupe placebo de l’étude initiale.
Chez les chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, l’incidence des néoplasies intra-épithéliales anales ou des cancers anaux liés à l’un des 4 génotypes vaccinaux du HPV était de 20,5 [0,5-114,4] contre 906,2 [553,5-1399,5] dans le groupe placebo.
Chez les patients inclus dans groupe placebo lors de l’étude initiale et ayant reçu une vaccination de rattrapage, aucun nouveau cas de condylome anal lié aux génotype 6 et 11, ni aucune lésion génitale externe liée aux génotypes 6, 11, 16, et 18 ne sont apparus.
L’incidence des lésions anales a également été réduite après vaccination, l’incidence cumulée dans le temps rejoignant la trajectoire de celle du groupe vaccination précoce au cours de l’étude initiale.
Une immunogénicité durable a été retrouvée et aucun effet indésirable grave lié au vaccin n’a été rapporté.

Mise à jour

4 décembre 2021