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Suivi post-thérapeutique

Pourquoi un suivi médical ?

LE CONTEXTE

Les traitements lourds de la maladie s’achèvent. Vous poussez un « ouf » de soulagement et c’est bien naturel….
Cependant, comme il est impossible d'assurer qu'aucune cellule cancéreuse ne subsiste dans l'organisme après les traitements, même si tous les signes de la maladie ont disparu, le spécialiste parlera de rémission et n'utilisera le terme guérison qu'après 5 à 7 ans de suivi. De ce fait, durant cette période, il est crucial, pour vous, d'être revu régulièrement en consultation.

IMPORTANT À SAVOIR...

Les statistiques révèlent que 8 % des stades I, 30 % des stades II et 55 % des stades III présenteront un cancer métachrone et/ou une récidive (locorégionale ou métastatique) dans les 5 ans post-opératoires. Ce risque élevé de rechute justifie une surveillance postopératoire.

LE CONTENU

Au cours de ces visites, votre médecin s'informera de votre état de santé et sur les symptômes que vous pourriez ressentir.
Il pratiquera un examen clinique détaillé. A cette occasion, il pourra demander des examens de laboratoire ou d'imagerie médicale pour confirmer la rémission ou pour détecter, le plus précocement possible, une récidive éventuelle de la maladie.

VOUS DEVEZ ALERTER VOTRE MÉDECIN EN CAS DE...

  • Des douleurs abdominales
  • Des troubles nouveaux et persistants du transit intestinal
  • La présence de sang dans les selles
  • L'apparition d'une jaunisse (ictère)
  • Une fatigue sans cause
  • Une anémie par manque de fer 

Un suivi régulier les premières années …

LES CANCERS METACHRONES

Ce sont des cancers qui apparaissent après un intervalle libre, qui peut être parfois très long, dans le même organe.
L’incidence annuelle des adénomes est comprise entre 3 et 5 %. Néanmoins, le risque cumulé de cancer métachrone est faible, 0,4 % à un an, 2 % à 5 ans et 7 % à 20 ans

LES RÉCIDIVES

La moitié d'entre elles surviennent la première année et 80 % dans les trois premières années après la fin du traitement. Ensuite, le risque diminue très fortement. Il est de 1,5 % après 5 ans et de 0,5 % après 8 ans.
Le taux cumulé de récidives entre 5 et 10 ans après la chirurgie initiale est très faible de 3 % pour les récidives locales et de 4 % pour les métastases. Pour les cancers du rectum ces taux sont respectivement de 3 % et 3,4 %.
Le délai de guérison est de 9,3 ans (intervalle de confiance 8,3 à 10,4 ans).
Au delà de la troisième année, vous avez plus de 90 % de chances d’être sorti d’affaire !

L'IMPORTANCE DE LA SURVEILLANCE

Le suivi durant les trois premières années s'explique par les données épidémiologiques et la connaissance de l'évolution de la maladie. Il peut faire découvrir une éventuelle récidive à un stade très précoce, permettant une deuxième résection pouvant être curative.
La récidive peut être locale, au niveau de l'anastomose sur le côlon ou à distance, sous forme de métastases, hépatiques ou, plus rarement, pulmonaires.
Le suivi permet aussi de rechercher de manière systématique de nouvelles lésions précancéreuses ou des cancers colorectaux encore in situ , curables.

Incidences de nouvelles lésions métachrones

  • Incidence annuelle de nouveaux adénomes : 3 - 5 %
  • Risque cumulé de cancer métachrone (second cancer décalé dans le temps) : 2 % à 5 ans ; 7 % à 20 ans
  • Récidives endoluminales : < 10 %

Surveillance

Les cancers localisés, après une chirurgie curative et une chimiothérapie adjuvante, doivent rester sous étroite surveillance pendant 5 ans car 30 à 50 % des patients rechutent, la plupart survenant dans ce délai.
Pour les patients au stade I, une coloscopie est recommandée aux 1er, 3e et 5e années après la chirurgie. 
Pour les patients aux stades II ou III, un bilan clinique, un dosage des antigènes carcino-embryonnaires  (ACE)  au départ et tous les 3 à 6 mois pendant 2 à 3 ans, puis deux fois par an jusqu'à 5 ans. La coloscopie est recommandée à 1 an, puis tous les 3 à 5 ans après la chirurgie. La tomodensitométrie thoracique, abdominale et pelvienne est recommandée tous les 6 à 12 mois pendant 5 ans. La surveillance par TEP-TDM n'est pas recommandée.
En cas de stade IV, en cas de résection métastatique, une surveillance étroite avec imagerie diagnostique séquentielle est recommandée en raison du risque élevé de récidive.
 

Le calendrier des visites de suivi

LA PREMIÈRE VISITE

Elle vous permettra de discuter des problèmes et des effets secondaires du traitement ainsi que des moyens d’y palier avec votre chirurgien. Cette visite vous aidera à trouver l'appui affectif ou social dont vous avez besoin. Vous pourrez discuter avec l’équipe médicale de vos projets, notamment professionnels. Vous établirez aussi avec vos médecins un calendrier de soins.

PAR LA SUITE...

Selon les recommandations de l’ANAES, des cancers coliques, après exérèse visée curative est le suivant :  

 

Première année Deuxième année Troisième année Après 3 ans

Tous les 3 mois : examen clinique
Dosage de l'ACE (facultatif maintenant)

Tous les 4 à 6 mois : échographie hépatique

Une fois par an : radiographie pulmonaire, coloscopie, si celle-ci a été incomplète en préopératoire ou s'il existait des polypes synchrones

Tous les 3 mois
Mêmes examens, sauf la coloscopie

Tous les 3 mois : examen clinique, échographie hépatique

Une fois par an radiographie pulmonaire
Coloscopie

Mêmes examens annuellement

Coloscopies tous les 5 ans si normale, ou en cas de signes cliniques suspects

 

 POURQUOI TOUS CES EXAMENS ?

Le dosage des marqueurs tumoraux
Certaines tumeurs, y compris le cancer colorectal, produisent des substances qui peuvent être détectées dans le sang et qui est appelées « marqueurs tumoraux ». Les marqueurs tumoraux produits par le cancer colorectal, sont appelés l’antigène carcino-embryonnaire ou ACE et antigène tumoral 19-9 ou CA 19-9.
Un taux élevé de ACE ou de CA 19-9 peut indiquer le développement de métastases et impose des recherches plus approfondies. Néanmoins, une élévation des taux de l'ACE et/ou du CA 19-9 peut être observée au cours de maladies bénignes et ne témoigne pas toujours d'une rechute.
Sa mesure, lors des visites de suivi est recommandée.

Les coloscopies de suivi
En dehors du risque de récidive locale, les patients qui ont un antécédent de cancer colorectal ont un risque accru de développer un second cancer colorectal. C'est le cas chez environ 3 % des patients.
Le but de la coloscopie pour les patients qui ont déjà été traités pour un cancer colorectal est double. Le premier est de détecter une rare récidive locale et le second est de détecter des polypes ou voire de nouvelles tumeurs. 

Les autres examens au cas par cas…
Ils ne sont systématiquement demandés. Tout dépend de votre cas !
Des symptômes, des signes physiques ou des examens de laboratoire, qui font suspecter une rechute, peuvent amener le médecin à demander un scanner ou une IRM. Ces examens peuvent être utilisés pour mesurer la réponse au traitement ou pour détecter une récidive ou une métastase. Comme les examens de laboratoire, le scanner et/ou l’IRM peuvent être demandés fréquemment au début, puis moins souvent avec le temps.

Le calendrier habituel des visites

Examen Calendrier
Clinique Tous les 3 mois pendant 3 ans 
Puis tous les 6 mois pendant 2 ans
Coloscopie Dans le 6 mois suivants l'intervention : si la coloscopie initiale était incomplète ou de mauvaise qualité ou non réalisée en préopératoire 
Après l'intervention : contrôle à 2 ou 3 ans puis tous les 5 ans, si normale 
Le rythme dépendra de la présence ou non d’adénomes. 
Coloscopie virtuelle, en cas d’impossibilité de réaliser une coloscopie standard
Scanner thoraco-abdomino-pelvien avec injection Non systématique fonction du stade de la maladie 
Échographie abdominale En cas d'impossibilité de réaliser un scanner
Dosage de l'ACE (facultatifs) Pour les stades II et III, tous les 3 mois pendant les 3 premières années
IRM hépatique En cas de problème de réalisation d'un scanner
TEP En cas d'élévation du taux d'ACE associée à un bilan normal pour détecter précocement une récidive

Les seconds cancers

LE CONTEXTE

En l’absence de récidive, la durée de la surveillance pour un cancer colorectal est de 5 ans. Au-delà, le patient traité demeure à risque élevé de cancer ce qui explique pourquoi on vous proposera, tous les 5 ans, un dépistage par une coloscopie totale.
Le risque de développer un second cancer après un cancer colorectal est légèrement supérieur à celui de la population générale. Ce risque dépend tout particulièrement de l’âge au moment du diagnostic et de l’existence ou non d’un syndrome de prédisposition génétique aux cancers.

QUELLE LOCALISATION ?

Un second cancer du côlon
Il est le plus souvent observé est un second cancer du côlon ou du rectum et ceci plus spécifiquement si la maladie a été diagnostiquée avant 40 ans, si vous êtes porteur d'un syndrome de Lynch (HNPCC), enfin, si vous présentez une polypose adénomateuse familiale (PAF) atténuée ou PAF classique pour laquelle vous avez bénéficié d'une conservation rectale.
Ce risque persiste plus de 20 ans après le diagnostic.

Une autre localisation...
Les autres seconds cancers observés sont :

  • Un cancer de l’endomètre, en particulier chez les patientes diagnostiquées avant 40 ans et celles atteintes d’un syndrome de Lynch (HNPCC)
  • Un cancer de l’intestin grêle, en particulier chez les patients diagnostiqués avant 40 ans, ceux atteints d’un syndrome de Lynch (HNPCC) ou de Peutz-Jeghers
  • Un cancer du duodénum ou un ampullome en cas de polypose adénomateuse familiale (PAF) classique (possibilité de polypose duodénale).
     

EXISTE-IL UNE PRÉVENTION POSSIBLE ?

En de règles d'hygiène de vie habituelles, aucun des principes chimiques ou des médicaments suivants n'ont démontré une activité et ne sont donc pas recommandés dans la prévention des cancers secondaires :

  • Les anti-inflammatoires, l'aspirine ou les inhibiteurs de COX-2
  • La curcumine ou diféruloylméthane est le pigment principal du curcuma (Curcuma longa), aussi appelé safran des Indes
  • Le difluorométhylornithine (DFMO)
  • Les isothiocyanates (y compris le sulphoraphane que l'on trouve dans des légumes crucifères, comme les brocolis ou les choux-fleurs)
  • Le resvératrol est un polyphénol de la classe des stilbènes présent dans certains fruits comme les raisins, les mûres ou les de myrtille, les canneberges et la grenade

Deux messages !

  • La surveillance constitue un stress, une fois passée la visite confirmant que tout se passe bien, n’y pensez plus jusqu’à la visite suivante !
  • Occupez-vous, ne vous fatiguez pas mais faite du sport ! Les spécialistes préconisent une activité aérobie individualisée modérée à soutenue entre 10 et 60 minutes, 2 à 5 fois par semaine

Mise à jour

28 mars 2023