Chimiothérapie
L'utilité de la chimiothérapie est aujourd'hui prouvée...
L’intérêt de la chimiothérapie, en traitement adjuvant est actuellement établi. Il est démontré qu'il peut retarder la récidive et augmenter le taux de malades en vie à 5 ans. L'utilité de la chimiothérapie lorsque la chirurgie n'est pas possible est prouvée en termes de survie ainsi que pour soulager les symptômes.
EN PREMIÈRE LIGNE DE TRAITEMENT
LE FOLFIRINOX
C'est la première amélioration majeure dans le traitement de cette maladie. C'est devenu le traitement standard des formes avancées de la maladie chez des malades en bon état général et ayant des fonctions hépatiques normales. C'est le nouveau standard aussi en tant que traitement adjuvant. Deux protocoles d'administration sont recommandés
- Oxaliplatine 85 mg/m² + irinotécan 180 mg/m² + acide folinique 400 mg/m² + 5-FU bolus 400 mg/m² + 5-FU en perfusion continue 2400 mg/m² à J1 puis J14
- Oxaliplatine 85 mg/m² + irinotécan 150 mg/m² + acide folinique 400 mg/m² + 5-FU 2400 mg/m² en perfusion continue toutes les 2 semaines (GI-PRODIGE)
Il faut néanmoins savoir que les effets secondaires sont plus accentués avec ce protocole et qu'il n'est, de ce fait, pas applicable à tous les patients.
LA GEMCITABINE (GEMZAR ™ )
Ce médicament est un antimétabolite, analogue de la deoxycytidine, qui semble être le plus efficace dans le traitement des formes avancées de cancer du pancréas. C’est devenu un traitement standard pour les formes avancées de la maladie depuis 1997.
En monothérapie
Elle s'administre en perfusion intraveineuse de 30 minutes. Le schéma thérapeutique usuel consiste en une perfusion de 1000 mg/m² tous les jours, 7 jours consécutifs. Au terme de ce premier cycle, succède un jour de repos thérapeutique. Les cycles suivants ne comprennent que 3 jours de perfusion suivis d’un repos thérapeutique.
Le GemCap est en voie de devenir un standard de traitement
Le Xeloda™ ou génériques est un médicament actif par voie orale. Des études récentes ont confirmé l'intérêt de cette association (GemCap) comme traitement adjuvant de la maladie.
Dans cette association, la gemcitabine est administrée à la dose de 1000 mg/m2 IV une fois par semaine pendant trois semaines toutes les 4 semaines. La capecitabine à la dose de 1660 mg/m² est donnée par voie orale 21 jours par mois (7 jours de "repos"). Le traitement est poursuivi pendant 6 cycles (24 semaines).
Le gemcitabine/nab-paclitaxel
L’association gemcitabine + nab-paclitaxel (Abraxane™) est une association est validée en première ligne et en seconde ligne. L'association a un effet positif sur la survie.
Le protocole comporte 125 mg/m² de nab-paclitaxel suivi de 1000 mg/m² de gemcitabine, à J1, J8 et J15 tous les 28 jours.
EN DEUXIÈME LIGNE
Après progression sous une première ligne de chimiothérapie, les patients en bon état général peuvent bénéficier d'une ou plusieurs ligne(s) ultérieure(s). Après progression sous gemcitabine, les associations de 5-FU avec un platine (oxaliplatine ou cisplatine) ou l’irinotécan (forme standard ou nano-liposomale) ont fait l'objet d'études cliniques et ont permis d'obtenir des améliorations.
Les protocoles de chimiothérapie habituels
Protocole | Indication | En pratique |
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Gemcitabine |
Adjuvant |
1000 mg/m² perfusion de 30 min à J1 - traitement répété toutes les semaines 3 semaines / 4 cycles |
LV5-FU2 simplifié | Acide folinique 400 mg/m² en 2 h puis 5-FU 400 mg/m², puis 5-FU 2400 mg/m² perfusion continue de 46 h par infuseur portable Traitement répété tous les 14 jours. |
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Gemcitabine - capécitabine | Gemcitabine 1000 mg/m² perfusion de 30 min à J1 + capécitabine 1660 mg/m²/j par voie orale J1-J21. Traitement répété toutes les semaines 3 semaines/4. |
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FOLFIRINOX FOLFIRINOX modifié (mFOLFIRINOX) |
Oxaliplatine 85 mg/m² en 2 h puis acide folinique 400 mg/m²en 2 h puis après 30 min irinotécan 150 ou 180 mg/m² en 90 minutes, puis 5-FU bolus 400 puis 5-FU 2400 mg/m² perfusion continue par infuseur portable Traitement répété tous les 14 jours. |
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Gemcitabine/nab-paclitaxel | Autres indications | nab-paclitaxel 125 mg/m² perfusion de 30 min à J1, puis gemcitabine 1000 mg/m² perfusion de 30 min. Traitement répété toutes les semaines 3 semaines/4 (J1, J8 et J15, 1 cycle = 4 semaines). |
Gemcitabine/paclitaxel | A J1 : paclitaxel 80 mg/m² perfusion de 1 heure, puis gemcitabine 1000 mg/m² perfusion de 30 min Traitement répété toutes les semaines 3 semaines/4 (J1, J8 et J15, 1 cycle = 4 semaines). |
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Gemcitabine/ FDR | Formes avancées | 1000 mg/m² ou 1500 mg perfusion de 30 min à J1. Traitement répété toutes les semaines |
LV5-FU2 simplifié | Alternatives | Traitement répété tous les 14 jours |
FOLFOX 4 simplifié | ||
LV5-FU2 simplifié + irinotécan nanoliposomal (nal-IRI) | ||
FOLFIRI |
L'association radiothérapie et chimiothérapie très rarement proposée
EN SITUATION NÉOADJUVANTE ET PERI-OPERATOIRE
Ce n’est pas un traitement « standard » mais l'utilisation de l'association radiochimiothérapie en situation néoadjuvante semble intéressante et les essais se multiplient pour valider cette option.
Il comprend l'association d'une radiothérapie préopératoire (50 Gv) et d'une chimiothérapie comprenant du 5-FU en perfusion continue.
L’opération fait suite à ce traitement.
C'est aussi une option en traitement de "clôture" après 3 à 6 mois de chimiothérapie d’induction, dans le but d’améliorer le contrôle local et de diminuer le risque de rechute.
Souvent, une radiothérapie per-opératoire est associée.
EN TRAITEMENT ADJUVANT
Plusieurs essais thérapeutiques ont testé l’intérêt d'une association de radiothérapie de 2 fois 20Gy avec du 5-FU, donné en bolus. Les auteurs de ces études ont conclus à un bénéfice minime du traitement adjuvant. En dépit de sa bonne tolérance, cette association n’est pas considérée comme un traitement « standard ».
D'autres modalités d'association radiochimiothérapie sont actuellement en cours d'évaluation : 5-FU en perfusion continue, gemcitabine.
LORSQUE L’OPÉRATION N’EST PAS POSSIBLE
L'association radiochimiothérapie est un traitement palliatif pour les formes localement avancées chez les patients en bon état général. Dans ce cas, il s’agit d’une d'une radiothérapie (40 Gy) et d’une chimiothérapie à base de 5-FU, donné en bolus.
Les indications
- Maladie métastatique : chimiothérapie seule
- Maladie localement avancé : chimiothérapie avec ou sans radiothérapie
- Tumeur résécable : chimiothérapie adjuvante ou néoadjuvante avec ou sans radiothérapie
LA CHIMIOTHÉRAPIE, AVANT...
LES PRÉCAUTIONS
Au moment du diagnostic et avant d’entreprendre le traitement
Il est préférable d’éliminer toute source d’infection avant de débuter une chimiothérapie. La source d’infection la plus fréquente est dentaire. Si votre traitement de chimiothérapie n’est prévu que dans 2 ou 3 semaines, vous avez le temps de faire examiner et traiter vos dents chez votre dentiste, avant de débuter.
Une prise de sang
Elle sera systématiquement réalisée avant la chimiothérapie pour s’assurer du bon fonctionnement d’organes essentiels pour le métabolisme et l’élimination des médicaments, tels que le foie et le rein. Dans cette prise de sang, il sera également vérifié que les cellules circulantes du sang (globules blancs, globules rouges et plaquettes) sont à un taux satisfaisant, car ce sont les cellules saines de l’organisme dont la production est la plus sensible aux médicaments de la chimiothérapie. Si le taux de globules rouges (ou plus précis, le taux d’hémoglobine) est trop bas, il vous sera proposé de recevoir une transfusion de sang (culots globulaires) avant de réaliser la chimiothérapie.
Certains médicaments de chimiothérapie peuvent présenter une toxicité orientée vers certains organes précis
Des examens peuvent alors être utiles pour vérifier que cet organe fonctionne de façon satisfaisante chez vous avant d’administrer le médicament. Ainsi, une échographie ou une scintigraphie cardiaque est souvent proposée avant d’administrer certains médicaments comme les anthracyclines qui peuvent être toxiques sur le cœur à des doses plus importantes que les doses habituelles.
LES CATHÉTERS CENTRAUX
Si un médicament doit être administré sur plusieurs heures et à fortiori sur plusieurs jours, si la durée de la chimiothérapie peut être assez longue, si les veines du (ou des) bras ne sont pas suffisantes ou si les injections précédentes de chimiothérapie ont entraîné une inflammation des veines (veinite), il peut vous être proposé la mise en place d’un cathéter central pour la durée de la chimiothérapie.
Ce type de cathéter est appelé central car une des extrémités du tube fin est située au niveau d’une grosse veine centrale, avant que celle-ci rejoigne le cœur (veine cave supérieure). Les cathéters sont composés de matériaux biocompatibles (silicones, polyuréthanes) qui sont bien supportés par l'organisme. Avec un suivi approprié, ces cathéters peuvent rester placés aussi longtemps que nécessaire ce qui évite au patient d’être piqué dans le bras à chaque séance de chimiothérapie. Il existe deux sortes de cathéters.
Les cathéters extériorisés à la peau ont leur extrémité qui ressort à travers la peau, par une petite incision généralement située sous la clavicule, l’os qui relie le sternum à l’épaule. Ils sont installés sous anesthésie locale. On pose la perfusion directement au niveau de l’extrémité du tube du cathéter qui ressort.
Les chambres implantables n’ont pas leur extrémité qui ressort à travers la peau, car elles sont reliées à un réservoir ou chambre (Port-A-Cath™, Infusaport™, etc.) qui est inséré sous la peau. Le cathéter et la chambre sont implantés sous anesthésie locale ou sous anesthésie générale de courte durée. La chambre est mise sous la peau du thorax, au-dessous de la clavicule, généralement assez loin du sternum pour des raisons esthétiques. La chimiothérapie est administrée en piquant dans le réservoir avec des aiguilles spéciales.
Cathéter à la peau |
Chambre |
|
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Nombre de tuyaux |
1 à 3 |
1 |
Maintenance |
Tous les jours |
Utilité mise en question |
Restriction d’activités |
Douche, natation |
Aucune |
Prises de sang |
Aisées |
Peu fiables |
Accès |
Externe |
Aiguille |
Débit |
Fonction du diamètre du tuyau |
|
Complications |
Possibles |
Plus rares |
Ablation |
Facile en ambulatoire |
Petite intervention |
Mise à jour
29 mars 2020