Prévention
L’hygiène de vie
LES FAITS
Des observations épidémiologiques avaient montré une incidence croissante des cancers de la prostate cliniques (symptomatiques) chez les populations migrantes de l’Asie vers les États-Unis. Ce sont les premières à faire suspecter le rôle de facteurs d’environnement, tels que l’alimentation, dans le développement du cancer prostatique. Alors que des études autopsiques chez des hommes décédés d’autres causes que le cancer de la prostate avaient montré la même fréquence de lésions histologiques (infra-cliniques) de cancers chez les Américains et les Asiatiques vivant dans leurs pays respectifs, il existait une plus grande fréquence de cancers cliniques chez les migrants asiatiques que dans leur pays d’origine. L’hypothèse était que les Asiatiques migrants avaient changé de mode de vie, en particulier alimentaire, et que des facteurs carcinogènes pouvaient exister dans l’alimentation aux États-Unis ou encore que, l’alimentation asiatique abandonnée par les migrants, avait un effet protecteur, conduisant à une faible progression des cancers purement histologiques vers des cancers cliniques. Les habitudes alimentaires différentes entre les deux populations ont conduit à étudier les aliments concernés.
L’expérimentation sur des modèles animaux vient apporter des arguments complémentaires importants en tenant compte toutefois de la difficulté d’extrapoler les résultats à l’espèce humaine.
MANGEZ MOINS !
Il existe une association positive entre le cancer de la prostate, tous stades confondus et la quantité totale d’énergie ingérée :
- L’association est plus forte avec le cancer avancé avec un risque de 70 % plus élevé pour le plus haut quartile versus le plus faible,
- La quantité totale d’énergie absorbée est liée au cancer de la prostate préclinique. Cependant, il n’y a pas de relation claire entre obésité ou l’adiposité.
MANGEZ MIEUX EN RÉDUISANT LES GRAISSES ANIMALES !
La viande rouge a été incriminée, en particulier en cas de cuisson à haute température. L’alimentation riche en graisses augmenterait le risque essentiellement par le biais des acides gras polyinsaturés (graisses végétales et poissons) (acide alpha linoléique oméga-3) selon des mécanismes divers : augmentation du taux d’hormones sexuelles, réponse immunitaire, composition des membranes cellulaires en phospholipides, formation de radicaux libres, diminution de la vitamine D, augmentation de l’IGF-1, ou action sur le 5-alpha-réductase-de type 2.
Les oméga-6, contenus dans l’huile de maïs, de tournesol, de soja ou de pépins de raisin favorise la croissance tumorale expérimentale.
Les oméga-3, contenus dans l’huile de poisson, de colza, de noix ou de germe de blé, réduisent la croissance tumorale
MANGEZ DES TOMATES CUITES ET AVEC DE L’HUILE…
Les pigments caroténoïdes dont il existe deux types :
- La pro-vitamine A : bêta-carotène carottes
- La non-provitamine A : lycopène présent en grande quantité dans les tomates, ce caroténoïde antioxydant aurait un rôle protecteur.
L’effet protecteur des aliments à base de tomates semblent être d’un bénéfice particulier contre le risque de cancer de la prostate. Cette protection existe quelque soit la forme alimentaire : sauce tomate, tomates ou Pizza.
LE SOJA
La consommation régulière de soja est associée à une réduction de 29 % du risque de cancer de la prostate, mais pas des formes avancées de la maladie, selon une méta-analyse publiée ce moi ci.
Il existe une relation inverse entre la consommation de soja non fermenté, de génistéine et de daidzéine et le risque de développer la maladie.
La chimioprévention
DÉFINITION
C’est l’utilisation de substances, naturelles ou synthétiques dans l’espoir de réduire le risque de développement d’un cancer ou de prévenir une récidive. En laboratoire, plus de 400 substances ont le potentiel de bloquer la cancérogenèse.
LES FAITS
Le sélénium
Une première étude, avec un suivi de 10 ans, destinée, à l’origine de tester l’intérêt de 200 µg par jour de sélénium dans la prévention des cancers de la peau, avait suggéré une réduction de l’incidence des cancers de la prostate. Ces résultats viennent d'être infirmés par l'étude récemment publiée.
La vitamine E
Plusieurs essais de prévention avec l’alpha-tocophérol, à la dose de 50 UI et le béta-carotène se sont révélés positifs.
Pour la vitamine E, les résultats sont contrastés car les fortes doses augmentent le risque de problèmes cardiaques. A ce jour les spécialistes estiment que la dose de 150 UI serait protectrice mais sans effets secondaires cardiaques.
L’étude SELECT portant sur 35 533 hommes en bonne santé suivis pendant 12 ans a été stoppée prématurément car la prise de vitamine E (400 U/j) et de sélénium (200 µg de sélénométhionine) n'avait aucune efficacité voire augmentait le risque de développer la maladie.
Les inhibiteurs de la 5-alpha réductase
DE QUOI S'AGIT-IL ?
Le dutastéride et le finastéride sont deux médicaments utilisés dans le traitement médical de l’hypertrophie bénigne de la prostate. Ils agissent en bloquant une enzyme, la 5-alpha réductase. Cette enzyme permet la transformation de la testostérone en DHT dans la prostate. Le traitement induit une diminution du volume prostatique et une amélioration progressive des symptômes cliniques. Ils permettent de diminuer la fréquence de la rétention urinaire aiguë, le recours à une intervention chirurgicale.
LE FINASTERIDE (CHIBRO PROSCAR™ /GENERIQUES) DANS L'ÉTUDE PCPT (PROSTATE CANCER PREVENTION TRIAL)
C’est une étude portant sur 18 000 volontaires sains âgés de 55 ans et dont les PSA < 3 ng/ml. Dans cet essai, le finastéride (Proscar™) est comparé à un placebo pour tenter de vérifier l’hypothèse qu’un traitement préventif par ce médicament pourrait prévenir la survenue d’un cancer de la prostate.
Le finastéride diminue le risque relatif de développer un cancer de la prostate de 25 % (intervalle de confiance 18 à 31 %) , mais il a été observé un plus grand nombre de cancer de haut grade dans le groupe traité.
LE DUTASTERIDE (ADOVART™/GENERIQUES) DANS L'ESSAI REDUCE (REduction by DUtasteride of prostate Caner Events)
Cette étude a inclus 6729 hommes âgés de 50 à 75 ans présentant des facteurs de risque de cancer prostatique. A l'inclusion, les patients devaient avoir un toucher rectal normal, un PSA compris entre 2,5 et 10 ng/ml, pour les hommes de moins de 60 ans ; le seuil étant porté à 3 ng/ml pour les plus âgés et une biopsie prostatique négative.
Au terme de 4 ans de traitement, sur les 1517 cancers détectés, il en avait 659 chez les 3305 patients traités par dutastèride (16,1 %) et 858 sur 3424 patients ne recevant pas le médicament (21,7 %).
L'analyse statistique montre que le médicament réduit le risque relatif de développer un cancer de la prostate, prouvé par la biopsie, de 23 % (intervalle de confiance de 15 à 30%).
Entre la 1ère et la 4ème année, parmi les 6706 hommes ayant subit une biopsie, 220 tumeurs avec un score de Gleason de 7 à 10 ont été retrouvées chez les 3299 hommes du groupe dutastèride contre 233 parmi les 3407 hommes du groupe placebo (p = 0,81).
Au cours de la 3ème et la 4ème années, 12 tumeurs avec un score de Gleason de 8 à 10 ont été diagnostiquées dans le groupe dutastèride et une seule dans le groupe placebo (p = 0,003).
Les recommandations de l'Association Française d’Urologie
- La chimioprévention du cancer de la prostate par le sélénium ou la vitamine E n’est pas recommandée.
- L’absence de données suffisantes sur la mortalité spécifique et les effets secondaires du finastéride ou du dutastéride ne permettent pas de recommander cette chimioprévention médicamenteuse
Mise à jour
11 janvier 2018