Autres types de leucémies aiguës
La leucémie aiguë promyélocytaire (APL)
UNE MALADIE À PART
Elle représente environ 7 % des leucémie aiguë, soit environ 250 cas par an en France en 2018.
Elle se caractérise par une dérégulation de la différenciation et de l’auto-renouvellement des progéniteurs myéloïdes due à l’expression de l’oncogène de fusion PML/RARA (leucémie promyélocytaire /récepteur a de l’acide rétinoïque).
Elle se caractérise par la présence d’une translocation réciproque entre les chromosomes 15 et 17. Ce remaniement chromosomique, PML/RARA, entraîne la création d'une protéine de fusion limitant la différenciation cellulaire au stade de promyélocyte dans la moelle osseuse.
C’est, à ce jour, le seul cancer humain traité avec succès par un agent dirigé contre l’oncogène responsable de la maladie….
C’est une urgence car, sans traitement rapide, il existe un risque élevé de complications hémorragiques. En revanche, elle est curable dans 75 % des cas grâce à un traitement spécifique.
LE TRAITEMENT D'INDUCTION
La leucémie aiguë promyélocytaire (APL pour Acute Progranulocytic Leukemia) a un traitement très spécifique. La chimiothérapie d’induction comporte au moins une anthracycline et de l’acide tout-trans-rétinoïque (ATRA). Cette combinaison guérit au moins 90 % des patients.
L’acide tout-trans-rétinoïque (ATRA - Vesanoïd™)
Ce médicament est administré, en deux prises (8 gélules), à la dose journalière totale de 45 mg/m² de surface corporelle. Le traitement doit être poursuivi pendant 30 à 90 jours jusqu'à obtention d'une rémission complète.
L’arsenic (Trisenox™)
Le Trisenox™ est un médicament actif par voie injectable. Contrairement à l'acide rétinoïque, qui déclenche la différenciation cellulaire, l'arsenic induit l’apoptose ou mort programmée naturelle des cellules.
LE TRAITEMENT DE POST-INDUCTION
Il comporte uniquement de la chimiothérapie. Un traitement d’entretien par de la chimiothérapie à faibles dose et de l’ATRA, administré de manière intermittente, réduit également significativement le risque de rechutes.
En résumé, le traitement de la leucémie aiguë promyélocytaire...
Chimiothérapie d’induction | Chimiothérapie d’intensification | Chimiothérapie d’entretien |
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ATRA (Vesanoid™) 45 mg/m2/j J1 à rémission complète |
Cytarabine + daunorubicine puis, ara-C dose intermédiaire + daunorubicine |
ATRA (Vesanoid™) 15 jours/trimestre + 6-MP et méthotrexate |
La leucémie à tricholeucocytes (HCL)
LA MALADIE
Brièvement
C'est une hémopathie maligne rare, représentant 2 % de l’ensemble des leucémies, soit, en France 300 nouveaux cas par an avec une forte prédominance masculine.
La médiane d’âge au diagnostic des patients est de 52 ans (24-81).
La cause de la maladie est inconnue. L’existence de formes familiales suggère dans certains cas une prédisposition génétique.
Elle peut être associée à d’autres hémopathies malignes, en particulier au myélome multiple, à la leucémie à grands lymphocytes granuleux ou à la leucémie myéloïde chronique.
Les circonstances de découverte de la maladie sont liées aux conséquences de l’insuffisance médullaire : infections sévères ou récidivantes, à la découverte d’une splénomégalie symptomatique ou non, ou à la mise en évidence, le plus souvent fortuite, de tricholeucocytes lors d’une prise de sang.
Les tricholeucocytes
Ce sont des cellules de grande taille présentent de fines projections cytoplasmiques sur tout le pourtour de la cellule, d'où le terme "tricho-leucocytes", littéralement leucocytes chevelus. Les quatre marqueurs sont le CD11c, CD25, CD103 et CD123. Une mutation du gène BRAF (BRAFV600E) a été mise en évidence dans 80 % des cas.
SON TRAITEMENT
Qui traiter ?
Le traitement est indiqué en présence d’au moins un des signes de maladie active:
- Une splénomégalie symptomatique,
- Des cytopénies (au moins une cytopénie)
- Un taux d'hémoglobine <10 g/dL,
- Un nombre de plaquettes <100 ×109/L,
- Un nombre de polynucléaires neutrophiles <1000
- Des infections récidivantes ou graves.
En absence de traitement, la surveillance clinique et de l’hémogramme, tous les trois mois la première année puis tous les six mois, est nécessaire.
Le traitement de première ligne
Le traitement de première ligne est une association de
- Cladribine (Leustatine™) est un analogue de l’adénosine : la 2-chlorodéoxyadénosine (2-CDA). Elle s'administre par voie intraveineuse à la dose moyenne de 3,6 mg/m²/jour sur 7 jours consécutifs. La perfusion dure 24 heures.
- La pentostatine ((Nipent ™), c'est de la 2-déoxycoformycine qui est, aussi, un analogue structural de l'adénosine. Elle s'administre par voie intraveineuse à la dose de 4 mg/m²/semaine, toutes le 3 semaines
En cas de neutropénie sévère et/ou d’infection active non contrôlée, le traitement est alors l’interféron par voie SC à la dose de 3 millions d’unités ×3 par semaine, puis par un traitement de type PNA dès que la neutropénie est corrigée.
Une autre possibilité est l’utilisation du rituximab en monothérapie à la dose de 375 mg/m² IV pendant quatre semaines à la place de l’interféron.
La prévention des complications infectieuses survenant au cours du traitement ou dans les suites du traitement est essentielle.
Le traitement des rechutes
Seules les rechutes symptomatiques nécessitent un traitement. En cas de rechute tardive (>60 mois), un traitement de type pentostatine peut être à nouveau proposé. Face à une rechute précoce (<24 mois), il est recommandé d’utiliser la pentostatine associée au rituximab.
Mise à jour
4 juillet 2022