MGUS ou GMSI
De quoi s'agit-il ?
DEFINITION
La GaMmapathie de Signification Incertaine ( GMSI ) est souvent dénommée par son acronyme anglais, MGUS pour Monoclonal Gammapathy of Uncertain Significance .
Le fait que le nom contienne « de signification incertaine » reflète l’incertitude des spécialistes à établir un pronostic précis pour cette maladie.
On considère actuellement que les GMSI sont des pathologies plasmocytaires monoclonales à malignité réduite, pouvant évoluer ou non vers un myélome.
SES CARACTÉRISTIQUES
Qui est atteint?
Les gammapathies monoclonales s’observent surtout chez les personnes âgées.
Des études récentes ont précisé la prévalence de cette affection est d'environ 3 % de la population générale et augmente avec l’âge. Elle est d'environ 5 %, chez les moins de 70 ans et augmente à 8 % chez les plus de 80 ans.
Comme pour le myélome multiple, la GMSI est plus fréquente chez l’homme que chez la femme.
Les facteurs de risque
Des études rétrospectives cas-témoins ont montré que l’exposition au pétrole et à ses dérivés, aux engrais, aux pesticides, aux peintures et aux radiations était plus fréquente chez les patients porteurs d’une GMSI que dans la population générale.
Certaines études ont montré un léger surrisque chez les patients traités par des médicaments biologiques pour une polyarthrite rhumatoïde.
Le composant monoclonal
C'est le plus souvent une immunoglobuline (molécule d’action du système immunitaire) de structure normale mais en quantité augmentée, constituée de :
- Deux chaînes lourdes de même classe ( IgG : 55 à 65 %, IgM : 15 à 20 %, IgA : 10 à 15 % ou IgE)
- Deux chaînes légères de même type (kappa ou lambda 5 %)
Il peut également s'agir d'un fragment d'immunoglobuline, soit une chaîne légère libre (CLL) monoclonale non associée à une chaîne lourde (protéine de Bence-Jones dans les urines) ou plus rarement d'une chaîne lourde isolée.
Une immunoglobuline monoclonale entière peut coexister avec un excès de chaîne légère libre monoclonale.
Deux groupes de gammapathies monoclonales
IgG ou IgA | IgM |
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LES CRITÈRES DE DIAGNOSTIC
DÉFINITION
La gammapathie monoclonale est définie par la présence dans le sang d’une protéine monoclonale "M "qui est produite par un clone mineur de plasmocytes. Il s’agit, dans environ 60 % des cas, d’une immunoglobuline de type IgG.
CRITÈRES DE 2014
- La présence de plasmocytes ou de lymphocytes infiltrant moins de 10 % de la moelle osseuse ;
- La sécrétion monoclonale d’une immunoglobuline lourde (le plus souvent IgG, IgA et IgM) de moins de 30 g/L ou légère (kappa ou lambda) avec excrétion urinaire de < 500 mg/L ;
- L’absence de dommages d'organes en lien avec la gammapathie : "C.R.A.B." et d'amylose
DE PLUS...
Une GMSI se caractérise par des mutations génétiques des plasmocytes. Les plus fréquemment rencontrées sont :
- Des réarrangements 14q32, surtout t(11;14), plus rarement autres translocations -13/13q-
- Une hyperméthylation promoteur p16, p15
- Une instabilité du caryotype.
L'évolution de la maladie
LES DONNEES ACTUELLES
Le risque de progression
Le taux de progression vers un myélome symptomatique ou autre désordre est de l'ordre de 1 % par an. Sur un suivi de 25 ans, environ un quart des patients évoluent vers un myélome multiple, un lymphome, une amylose AL*, macroglobulinémie de Waldenström, une leucémie lymphoïde chronique (LLC) ou un plasmocytome.
Les critères pronostiques
Selon des travaux récents, ils font intervenir :
- Le type de protéine monoclonale :
- IgM et IgA avec un risque plus élevé que les IgG
- S'il s'agit d'une protéine monoclonale de type IgM, l'évolution peut se faire vers un lymphome, une maladie de Waldenström, une leucémie lymphoïde chronique (LLC) ou une amylose
- S'il s'agit d'une protéine monoclonale de type IgG ou IgA, l'évolution peut se faire faire un myélome multiple
- La concentration sérique de la protéine monoclonale avec le seuil de 15g/L
- À 10 ans, 6 % de risque de progression si ≤ 5g/L
- À 10 ans, 34 % si 30 g/ L
- À 20 ans, 64 % si 30 g/L
- Le ratio des chaînes légères κ/λ anormal
EN PRATIQUE POUR VOUS...
Une progression annuelle faible mais qui doit être surveillée...
Si ce diagnostic est porté, ne vous inquiétez pas outre mesure car le risque d’évolution vers un myélome n'est que de 1 % par an surtout pour le IgG dont le taux de para-protéine est inférieur à 15 g/L. Pour les formes à IgM, le risque d'évolution est légèrement plus élevé (1 à 5 %).
Le suivi
Il est, cependant; important pour vous d'être suivi deux fois par an pendant deux ans puis annuellement.
Le suivi est simple et comprend, un examen clinique, une NFS, un dosage de la calcémie, une électrophorèse des protéines du sang et une évaluation de la protéinurie des 24 heures avec électrophorèse des protéines urinaires, si la protéinurie est significative.
* L’amylose AL est une maladie liée au dépôt extra-cellulaire de chaînes légères libres (ou plus rarement de chaînes lourdes : amylose AH) d’immunoglobulines monoclonales produites par une population monoclonale de lymphocytes B.
L'intelligence artificielle...
PANGEA est un modèle d'IA ne nécessitant pas de prélèvement de moelle osseuse comprend plusieurs indicateurs :
- La mesure du taux d'hémoglobine dans le sang et son évolution
- Le rapport des chaine libres de l'immunoglobuline (rapport FLC)
- La concentration de pointe de la protéine M,
- L’âge
- Le taux créatinine
L’AVENIR…
L'apport de la génomique ouvre des perspectives très prometteuses
Dans les GMSI, des études prospectives et longitudinales devraient permettre de mettre en évidence de nouveaux critères prédictifs de transformation maligne. Ainsi, sur une population à très haut risque, il pourrait être licite de mettre en œuvre un traitement préventif de la transformation.
Dans la prise en charge thérapeutique
La pharmacogénomique pourra aider à la sélection des médicaments les plus efficaces non pas de façon probabiliste mais de façon adaptée à chaque patient.
Mise à jour
23 mars 2023