Les facteurs de risque
Un contexte pariculier...
LES CANCERS DE L'ENFANT SURVIENNENT DANS UN CONTEXTE DE PRÉDISPOSITION DANS ENVIRON 10 % DES CAS...
Une quarantaine de prédispositions ont été individualisées à ce jour.
La majorité des facteurs génétiques de prédisposition impliqués chez l’enfant suivent un modèle de transmission mendélienne (monogénique), le plus souvent dominant (monoallélique) et associé à un risque élevé de cancers d’une ou de plusieurs localisations. Cela se traduit par le fait que l’un des deux parents de l’enfant prédisposé est lui-même porteur de ce trait génétique et a été atteint enfant ou jeune adulte, comme la polypose adénomateuse familiale (PAF - voir facteurs de risque des cancers colorectaux) et la prédisposition au rétinoblastome.
Par ailleurs, il existe des éléments pouvant évoquer une prédisposition chez un enfant :
- L’âge précoce du diagnostic par rapport à l’âge moyen de survenue
- La présence de plusieurs tumeurs primitives
- L'existence de cancers à un âge jeune chez les proches
- La présence d'anomalies du développement, un retard de croissance, un déficit immunitaire
CE QUE L'ON SAIT...
L'existence d'une instabilité génétique conféré par un phénotype « mutateur » est probablement la caractéristique principale de d’une prédisposition héréditaire pour le cancer. Ces instabilités prennent plusieurs formes:
- Des mutations affectant des gènes clés directement impliqués dans le développement de tumeur, comme le WT1 ou le WT2
- Des mutations touchant des gènes à l’origine de mutations et/ou de délétion chromosomiques affectant des zones clés, comme par exemple dans l’anémie de Fanconi dans laquelle certaines erreurs, lors de la réplication de la molécule d’ADN, ne sont pas réparées
- Des mutations impliquant les gènes permettant la réparation des cassures de l'ADN, comme par exemple dans le xeroderma pigmentosum (enfants de la lune)
- Les agrégations complexes des syndromes chromosomiques qui augmentent la sensibilité de développer un cancer
Les facteurs génétiques
Dans la majorité des cas, les cancers de l’enfant surviennent de façon sporadique sans histoire familiale de cancer, ni maladie génétique associée. De ce fait, le risque de cancer chez les apparentés n’est que peu différent de celui de la population générale.
Des prédispositions héréditaires aux cancers sont présentes dans environ 10 % de l’ensemble des cancers de l’enfant. Le risque est essentiellement pour les tumeurs solides. Un faible pourcentage des cancers de l’enfant est associé à une prédisposition génétique qui peut s'exprimer de trois manières différentes :
- Des maladies monogéniques, la maladie dérivant alors d'une mutation portant sur un seul gène
- Des anomalies chromosomiques avec déséquilibre génétique par défaut ou excès de matériel chromosomique
- Des maladies polygéniques ou multifactorielles
Les tumeurs impliquées dans les syndromes de prédispositions héréditaires peuvent être regroupées en fonction de l'incidence annuelle par million d'enfants, dans le tableau ci-dessous.
Les cancers héréditaires
LES CANCERS HÉRÉDITAIRES TRANSMIS SUR UN MODE DOMINANT
Le syndrome de Li-Fraumeni
Il se caractérise par une agrégation familiale de sarcomes dans l'enfance, de cancers du sein, de tumeurs cérébrales et de leucémies.
C'est une prédisposition héréditaire au cancer transmise sur un mode autosomique dominant, liée, dans la majorité des cas à une mutation germinale du gène p53 . Il est à l’origine d’un risque accru de sarcomes des tissus mous et d'ostéosarcomes, ainsi que de cancers du sein, de tumeurs cérébrales, de cortico-surrénalomes (tumeurs des glandes surrénales) et de leucémies.
Le risque de développer un cancer est d’environ 50 % à l’âge de 30 ans .
Les autres types de cancers
Des formes familiales de néphroblastomes et neuroblastomes sont exceptionnelles, la plupart de ces tumeurs étant sporadiques.
Les cancers digestifs héréditaires, polypose familiale (PAF) et cancer héréditaire non polyposique du côlon s’expriment essentiellement à l’âge adulte.
Les Néoplasies Endocriniennes Multiples (NEM) sont transmises sur un mode autosomique dominant. Les NEM de type 2A et 2B ont en commun la survenue d’un cancer médullaire de la thyroïde (100 % des cas) et d’un phéochromocytome souvent bilatéral et malin (50 % des cas).
Le syndrome de Beckwith-Wiedemann dans lequel il existe un risque accru de néphroblastome et hépatoblastome.
Les neurofibromatoses
La neurofibromatose de type 1, ou maladie de Recklinghausen, dans laquelle on retrouve un risque accru de tumeurs du système nerveux ou de la crête neurale à type de gliomes ou de neurofibromes;
La neurofibromatose de type 2, pour laquelle il existe un risque accru de neurinomes ou schwannomes
CERTAINES CONDITIONS SONT AUSSI À CONSIDÉRER...
Des malformations congénitales peuvent être associées à un risque accru de cancer. A titre d'exemple, on peut citer :
- L'aniridie (absence partielle ou totale de l'iris) congénitale est associée à un risque de néphroblastome
- La cryptorchidie (défaut de la migration d'un testicule ou des deux testicules dans les bourses) est fréquemment retrouvée en cas de tumeurs germinales malignes affectant soit le testicule soit la glande pinéale ou d'autres localisation dans le système nerveux central
- L'hémi-hypertrophie corporelle (croissance asymétrique des membres, du tronc, de la face ou de l'hémicorps entier.) est associée à un risque plus grand de développer un néphroblastome
@ Pour en savoir plus sur ce maladies rares (orphelines), consulter le site ORPHANET
Tumeurs dans le cadre d'un syndrome de prédispositions héréditaire
Très rares... | Rares... | Moins rares... |
---|---|---|
Blastome pleuro-pulmonaire 0,07/1 000 000 Corticosurrénalome 0,3/1 000 000 Hépatoblastome 1,1/1 000 000 Tumeurs rhabdoïdes 1,2/1 000 000 Gliome des voies optiques 1,2/1 000 000 |
Rétinoblastome 4,8/1 000 000 Médulloblastome 5,7/1 000 000 Néphroblastome 7,8/1 000 000 |
Sarcomes 9/1 000 000 Neuroblastome 12,6/1 000 000 Leucémies 38/1 000 000 |
Les causes environnementales sont rares chez l'enfant
LES IRRADIATIONS
Le risque des irradiations est reconnu pour les leucémies et les cancers de la thyroïde par les événements suivants :
- Les explosions atomiques, militaires ou accidentelles, avec, en particulier, un risque de cancer thyroïdien accru, après irradiation du cou et en Biélorussie après l'accident de Tchernobyl ou au Japon après Fukushima.
- Les irradiations médicales pour traiter le cancer sont associées à un risque accru de cancer secondaire
LES RAYONS ULTRA-VIOLETS
C'est surtout le cas dans les prédispositions héréditaires comme le cas de maladies rares comme le xeroderma pigmentosum et l'albinisme. Il faut aussi rappeler, l'accroissement du risque de mélanome lié à l'exposition solaire précoce.
CERTAINS MÉDICAMENTS
Le diéthystilbestrol (Distilbène™)
C'est un problème chez la moitié des filles qui ont été exposées in utero pendant les années 1950, lorsque cette molécule était utilisée pour prévenir les menaces d’avortement.
Cette exposition se traduit par des dysplasies du vagin et du col utérin pouvant se transformer en adénocarcinomes à cellules claires avec une fréquence de 1 pour 1 000 avant l’âge de 35 ans et possible avant l’âge de 15 ans.
Les traitements anticancéreux et immunosuppresseurs
Après les greffes d'organes, le traitement immunosuppresseur multiplie par 100 le risque de développé un cancer, en particulier de la peau.
Après un traitement d'un cancer, le risque de second cancer concerne 1 à 10 % des sujets. Les agents alkylants et l'étoposide, les associations chimio- radiothérapie ainsi que certaines pathologies, comme la maladie de Hodgkin sont reconnues comme plus à risque.
LA POLLUTION
L'implication d'agents chimiques de l'environnement comme les hydrocarbures, les pesticides, des insecticides ou de l'alimentation n'est pas, à ce jour clairement établie, sans qu'il puisse être éliminée.
Les Virus
Le virus d'Epstein-Barr (EBV)
Il est associé dans plus de 90 % des cas au lymphome de Burkitt en Afrique et dans 20 % des cas en dehors de la zone d'endémie. Le génome viral est ainsi retrouvé dans les cellules tumorales chez des enfants immunodéprimés.
Ce virus est également associé au carcinome indifférencié du nasopharynx, avec une grande fréquence chez les sujets du pourtour méditerranéen et du sud-est asiatique.
D'autres virus
Le virus de l'hépatite B est associé à l'hépatocarcinome.
Le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) est associé à la survenue de lymphomes, par le biais de la déficience immunitaire.
Mise à jour
24 novembre 2018