Lymphomes de la zone marginale
Généralités
LES PRINCIPALES FORMES
C'est un groupe hétérogène de lymphomes B "indolents". Ils sont caractérisés par une prolifération de lymphocytes dans les ganglions lymphatiques (nodulaire) puis diffuse, de petites cellules caractérisées par CD20+ et CD5-, CD10-, CD23
Cette "famille" de lymphomes-comprend par ordre de fréquence décroissant :
- Les lymphomes des tissus associés aux muqueuses (MALT - Mucosae Associated Lymphoïd Tissue) qui peuvent prendre naissance au sein de n’importe quel organe contenant du tissu lymphoïde. Les localisations digestives sont les plus fréquentes et, parmi celles-ci, 85% se situent dans l’estomac. Ils sont en association avec une infection à H. Pylori (gastrique), B. Burgdorferi (cutané) ou C. Jejuni (grêle)
- Les formes ganglionnaires (NMZL) affectent exclusivement les ganglions et la moelle osseuse et sont, en général, plus agressives
- Les formes affectant la rate (spléniques - SMZL) avec ou sans cellules villeuses circulantes sont souvent associées à une infection par le virus de l'hépatite C (VHC)
Parmi les formes extra‑ganglionnaires, les localisations les plus fréquentes sont l’estomac, la rate, l’œil et ses annexes, le poumon, la peau et les glandes salivaires.
L'EPIDEMIOLOGIE
Ce type de lymphome non hodgkiniens représente environ 11% de l’ensemble des LNH. En 2018, en France, 2800 cas ont été dénombrés. Son incidence est en forte augmentation. Ils touchent plus les hommes avec 1460 cas.
L’âge médian au diagnostic est de 60 ans.
CE QUE L'ON SAIT DE L'ORIGINE DE CES MALADIES
Le rôle d’agents infectieux
Il est acquis dans la pathogénie de certaines formes de ces lymphomes, comme, par exemple, l'Helicobacter Pylori associé aux formes gastriques de la maladie.
D’autre pathogènes ont été incriminés comme Chlamydia psittaci pour les formes oculaires, Borrelia burgdorferi pour les formes cutanées et le Campylobacter jejuni pour les formes affectant l’intestin grêle. L’éradication de l’infection incriminée peut suffire à obtenir une rémission complète prolongée, voire une guérison.
Le virus de l'hépatite VHC est aussi incriminé.
Les pathologies auto-immunes
C'est un facteur de risque clairement montré.
Les pathologies les plus souvent incriminée sont le syndrome de Sjögren (syndrome sec) et la thyroïdite d'Hashimoto.
Les signes, les symptômes et les moyens diagnostiques
La symptomatologie dépend de l’organe touché.
Une atteinte gastrique peut se manifester par des douleurs abdominales ou une dyspepsie. La réalisation d’une endoscopie digestive avec biopsies permet le diagnostic.
Les localisations intestinales sont fréquentes peuvent être diagnostiquées par un bilan endoscopique réalisé dans un contexte d’amaigrissement avec diarrhée ou de subocclusion.
Lorsque le lymphome prend naissance dans d’autres localisations, moins parlantes cliniquement, le diagnostic peut être plus tardif au décours d'un bilan pour une fatigue, une perte de poids, de sueurs nocturnes ou d'une fièvre inexpliquée.
Le bilan habituel
Bilan standard |
En fonction de l'organe touché |
---|---|
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|
La stadification
Stadification de Lugano |
Stadification de Paris |
Extension tumorale |
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Stade I |
T1m N0 M0 |
Muqueuse |
Stade II
|
T1-3 N1 M0 |
Ganglions lymphatiques périgastriques |
Stade IIE |
T4 N0-2 M0 |
Envahissement des structures adjacentes sans atteinte ganglionnaire |
Stades III-IV |
T1-4 N3 M0 |
Atteinte ganglionnaire extra-abdominale |
Les grandes ligne des traitements
LES FORMES LOCALISEES DE TYPE MALT
Les formes gastriques
S'ils sont liés à une infection par Helicobacter pylori, ils sont traités par association d’une double ou triple antibiothérapie et d’un inhibiteur de la pompe à protons (IPP). Un test respiratoire à l’urée, réalisé quatre à six semaines après la fin de l’antibiothérapie et deux semaines au moins après l’arrêt des IPP, permet de contrôler l’éradication de la bactérie.
Les formes oculaires
Elles peuvent être traitées par un antibiotique. En cas de progression symptomatique, une radiothérapie faiblement dosée (< 25 Gy) ou d’une mono-chimiothérapie à base d’un agent alkylant (cyclophosphamide, chlorambucil) est recommandée.
Les formes cutanées
Le traitement est local par corticoïdes et à la radiothérapie.
Les formes intestinales
Lorsqu'elles surviennent dans le cadre de maladies inflammatoires intestinales, elles nécessitent une prise en charge multidisciplinaire.
LES FORMES DISSEMINEES
Le traitement est identique à celui des lymphomes folliculaires. Les patients porteurs de critères thérapeutiques définis par le GELF (Groupe d’étude des lymphomes folliculaires) seront traités par immuno-(poly)-chimiothérapie : rituximab associé au chlorambucil, à la bendamustine, CVP («R-CVP», rituximab, cyclophosphamide, vincristine et prednisone).
Une alternative est représentée par le «R-CHOP», rituximab, cyclophosphamide, daunorubicine, vincristine et prednisone) en cas de fortes masses tumorales ou des signes de transformation agressive.
Dans le cas des formes cutanées disséminées le traitement dépend de l’importance de la masse tumorale et de la vitesse de progression. Un traitement topique permet de retarder le recours à un traitement systémique.
LES LYMPHOMES DE LA ZONE MARGINALE DE LA RATE
Il faut savoir que tous les patients ne seront pas traités. Les patients seront traités s'ils présentent :
- Un lymphome de la zone marginale splénique en relation avec une hépatite C
- Une grosse rate (splénomégalie) douloureuse
- Une diminution des globules dans le sang (cytopénie avec un taux polynucléaires neutrophiles inférieur à 1000 ou un taux de plaquettes inférieurs à 80 000.
- Les patients porteurs de formes agressives (majoration du taux de LDH, présence d’adénopathies abdominales, plus de 20% de cellules de grande taille au sein de la tumeur) sont traités comme ceux porteurs de LZM ganglionnaires. Les autres patients se verront proposer une ablation de la rate (splénectomie). En cas de contre-indication chirurgicale, une mono-chimiothérapie sera proposée. L’adjonction de rituximab permet d’améliorer les résultats thérapeutiques.
Les traitements actuels
Première ligne |
Rechute |
Rechute |
|
Inhibiteur du BTK |
Non |
Ibrutinib ; zanubrutinib |
Acalabrutinib |
Immuno-modulateur |
Non |
Rituximab/lenalidomide |
Le pronostic
C'est un lymphome de bon pronostic avec un taux de survie de 88 % à 5 ans. La survie moyenne est au-delà de 10 ans.
Le pronostic, bien qu'en amélioration, est moins favorable après 60 ans. La survie à dix ans s’améliore progressivement avec un taux qui augmente chez les patients de 50 ans : 90 % et de 67 % chez les 80 ans.
Mise à jour
10 février 2022