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la brachythérapie ou curiethérapie

Radiothérapie

Généralités

DÉFINITION

Étymologiquement

La curiethérapie ou brachytherapy par les anglo-saxons (du grec βραχυζ brachys, qui signifie « court » : traitement à une courte distance) est une technique d'irradiation qui consiste à mettre en place des sources radioactives au contact ou à l'intérieur des tumeurs.

Plus globalement...

La curiethérapie comprend l’ensemble des techniques d’irradiation utilisant la mise en place de radioéléments artificiels (césium 137, iridium 192, cobalt 60 ou 198, palladium 108 et 125, ruthénium 106, strontium 90, yttrium 90) au contact ou dans le volume cible à traiter. a curiethérapie représente la technique de référence pour délivrer une forte dose (augmentation du taux de contrôle local) dans un petit volume (diminution de la toxicité). 
Le radium 226 est abandonné en raison des problèmes de radioprotection (demi-vie = 2600 ans, radon).

LES TECHNOLOGIES...

Selon le retrait ou non des sources radioactives

Dans la curiethérapie par implants permanents temporaires, les sources sont laissées en place de quelques heures ou quelques jours, puis retirées. A l'opposé, dans la curiethérapie par implants permanents ceux-ci sont laissés en place définitivement.

Selon le débit de dose

La curiethérapie à haut débit de dose (> 12 Gy/h) est opposée à la curiethérapie à bas débit de dose (< 2 Gy/h) qui est le standard en France (BDD). La curiethérapie à débit pulsé, en cours d’évaluation (pulsed dose rate ou PDR), a pour objectif de reproduire la curiethérapie BDD.

Selon la technique


Dans la plésiocuriethérapie ou curiethérapie de contact
Les sources radioactives sont au contact du volume à traiter. Elle peut être endocavitaire, comme par exemple pour le traitement des cancer gynécologiques ou endoluminale, le traitement de certains cancers du poumon.

Dans la curiethérapie interstitielle

Les sources radioactives ont implantées directement à l’intérieur du volume à irradier. La curiethérapie par implants permanents (grains d’iode 125) utilisée pour le traitement des cancers de la prostate est une technique particulière de curiethérapie interstitielle à bas débit de dose.  
 
LES INDICATIONS ACTUELLES

La curiethérapie est toujours utilisée à visée curative. Elle permet de délivrer une dose élevée d’irradiation dans un volume limité, épargnant les tissus sains de voisinage en raison de la décroissance rapide de la dose en périphérie des sources.
Les principales indications validées de la curiethérapie sont :

  • Les cancers gynécologiques : cancer de l'endomètre, du col de l'utérus, du vagin et de la vulve
  • Les cancers de la peau
  • Le cancer de la prostate
  • Les cancers de la verge
  • Certains cancers de la sphère ORL et des bronches
  • Certains cancers digestifs : oesophage, vésicule biliaire, rectum, anus
  • Certains cancers du sein

Les curiethérapies

LES MÉTHODES

Il existe trois techniques principales de curiethérapie ou de brachythérapie.

La curiethérapie interstitielle ou endo-curiethérapie

Dans cette technique, le radioélément, une aiguille, est mis en place dans les tissus eux- mêmes. Elle est utilisée pour traiter les tumeurs de la lèvre, de la langue, de la peau, du sein ou de la prostate.

La curiethérapie endocavitaire ou plésio-curiethérapie

Dans ce cas, le radioélément, un tube, est mis au contact du tissu à irradier, en profitant de l'existence de cavités naturelles selon deux techniques :

  • Endocavitaire, utilisée pour traiter certains cancers gynécologiques comme le cancer du vagin ou de l’utérus
  • Endoluminale, préconisée pour la curiethérapie endo-bronchique ou endo-œsophagienne

 

Les implants permanents

Ce sont des capsules de radon, où le radioélément est laissé à demeure dans les tissus.

LES RADIO-ÉLÉMENTS MODERNES

Plusieurs options...


Hormis pour la curiethérapie du cancer de la prostate qui emploie de l’iode 125, les sources radioactives utilisées sont essentiellement de l’iridium ou du césium, sous forme de billes ou de petits fils.

L'iridium 192 ( 192 Ir)

Il se présente sous forme d'un fil métallique ou de grains, utilisés pour la curiethérapie à haut débit. Sa période radioactive est de 74 jours ce qui impose le renouvellement des fils tous les deux mois environ. L'énergie délivrée est, en moyenne de 0,38 MeV. 
Depuis l’arrêt de la production des sources d’iridium 192 (février 2014 pour l’IRF1 et avril 2014 pour l’IRF2) cela ne permet plus de réaliser des procédures en curiethérapie de bas débit de dose.

En pratique...

La curiethérapie « à haut débit de dose » peut être dispensée en ambulatoire ou nécessiter une hospitalisation de quelques jours en cas de curiethérapie « à bas débit de dose ».

La technique du chargement différé ou du pré-planning

SON INTÉRÊT

Cette technique a transformé la curiethérapie et a été rendue possible par la miniaturisation des sources radioactives. Elle permet une application très précise, évitant les surdosages et les sous dosages. La radioprotection est améliorée et simplifiée. De plus, elle permet une utilisation plus large de la technique comme le traitement des cancers de la base de la langue, de la verge, du sein ou de l’amygdale.


EN PRATIQUE...

La mise en œuvre de cette technique nécessite une hospitalisation, souvent une anesthésie générale ou une simple anesthésie locale. L'application est réalisée en deux temps.
Dans un premier temps, on place un ou plusieurs vecteurs creux inactifs. Ce sont soit un tube plastique soit une aiguille vectrice ou un applicateur gynécologique. Dans certains cas, la mise en place des tubes plastiques se fait au cours d'une intervention chirurgicale permettant d'aborder directement la tumeur, par exemple, pour les petits cancers de la vessie.
Dans un deuxième temps, deux à trois semaines plus tard, on introduit dans les vecteurs les sources radioactives dont la longueur est adaptée au volume cible que l'on désire irradier.

La curiethérapie à haut débit de dose (HDD)

Elle utilise une « microsource » d'iridium 192 de forte intensité.
Pour une même dose, les durées d’application sont 10000 fois plus courtes. On peut distribuer 10 Gy en quelques minutes au lieu de quelques jours.
Ces sources de très hautes activités ne peuvent plus être manipulées manuellement et nécessitent un projecteur de source particulier installé à l’intérieur d’un blockhaus semblable à celui d’un petit accélérateur. Elle permet d’introduire les « microsources » dans des organes, comme les bronches ou l’œsophage, jusqu'à présent inaccessibles à la curiethérapie De plus l’HDD ne nécessite plus d’hospitalisation.

 

 

TYPEDURÉE D’APPLICATION HOSPITALISATION
Bas débit « LDD » 3 à 5 jours

Chambre radio-protégée 4 à 5 jours

Haut débit « HDD » Quelques minutes Hôpital de jour

 

Les radioéléments utilisés en curiethérapie

 

Radioélément

Période

Energie (MeV)

CDA
(cm de Pb)

Présentation & utilisation

Radium 226 Ra

1 622 ans

γ = 1,4

1,2

Tube (aiguille)

Césium 137 Cs

30 ans

γ = 0,66

0,55

Tube (aiguille)

Cobalt 60 Co

5,3 ans

γ = 1,25

1,1

Source de télécobalt

Tantale 182 Ta

111 jours

γ = 1,1

1

Fil

Iridium 192 Ir

74 jours

γ = 0,34

0,24

Fil

Iode 125 I

60 jours

γ = 0,03

2 cm (tissu mou)

Grain (implant permanent)

Or 198 Au

2,7 jours

γ = 0,41

0,3

Grain (implant permanent)

Solution injectable

Phosphore 32 P

14,3 jours

β = 1,7

 

Solution injectable

Strontium 90 Sr

28 ans

β = 0,5

 

Applicateur solide

Yttrium 90 Y

2,7 jours

β = 2,2

 

Grain

Ruthénium 106 Ru

367 jours

β = 3,5

 

Applicateur solide

 

 

(C.D.A. = Couche de demi-absorption : épaisseur de matériau (plomb) réduisant de moitié la dose)  - ( γ = gamma ; β = bêta)

 

Mise à jour

16 décembre 2018