Chimiothérapie & biothérapie
Les principes généraux
SES CARACTÉRISTIQUES
La chimiothérapie est un traitement du cancer à base de médicaments qui a été découvert au cours des années 1940.
C’est un traitement systémique parce qu'il intéresse le corps tout entier. Les médicaments circulent dans le sang pour atteindre les cellules cancéreuses dans le corps tout entier. Ils peuvent être administrés par voie intraveineuse ou par voie orale.
Ces médicaments ont pour but de détruire les cellules cancéreuses. La particularité de ces drogues est qu'elles sont toxiques sur toutes les cellules capables de se diviser. Les chimiothérapies bloquent la prolifération des cellules cancéreuses tout comme des autres, en empêchant la synthèse d'ADN indispensable à la duplication des cellules et en détruisant les fibres de la trame cellulaire (qui structurent la cellule).
LES MODALITÉS
La chimiothérapie est administrée en cycles. Chaque période de traitement est suivie d'une période de repos thérapeutique permettant la récupération des lignées cellulaires normales affectées par le ou les médicaments.
La durée totale d'une chimiothérapie est variable selon les schémas thérapeutiques utilisés.
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LES CONTRAINTES SPÉCIFIQUES
De nombreux médicaments ne peuvent pas atteindre les cellules nerveuses du cerveau du fait de la barrière hémato-méningée (barrière empêchant la diffusion des médicaments dans le cerveau).
Ceci constitue une limitation importante pour le traitement de ce type de tumeurs.
LES MéDICAMENTS ACTIFS PAR VOIE ORALE
LA LOMUSTINE (BELUSTINE™)
Le CCNU (pour Chloroéthyl Cyclohexyl Nitroso-Urée) est un agent alkylant actif par voie orale. Ce médicament est utilisé dans le traitement des tumeurs cérébrales car il traverse la barrière hémato-encéphalique.
Il est administré en traitement discontinu.
La posologie habituelle est de 75 à 100 à 130 mg/m² administrée en une seule prise toutes les 6 semaines.
Les effets secondaires attendus sont une atteinte hématologique, en particulier des plaquettes, des troubles digestifs, des mucites, une perte de cheveux ou une aménorrhée ou une azoospermie. Dans ce cas, des méthodes de protection de la fécondité vous seront proposées.
LA TEMOZOLOMIDE (TEMODAL™)
Le témozolomide, agent alkylant de seconde génération, actif par voie orale, plus puissant et efficace que les médicaments traditionnels.
C’est une prodrogue. Contrairement aux produits plus anciens, cette molécule passe la barrière hémato-méningée. Elle peut donc pénétrer dans le tissu cérébral et ainsi détruire les cellules tumorales. Il est homologué, en France, pour le traitement :
- Des glioblastomes multiformes nouvellement diagnostiqués en association avec la radiothérapie à la dose de 75 mg/m² par jour, pendant 42 jours puis 6 cycles en monothérapie
- Des gliomes malins, tels que les glioblastomes multiformes ou les astrocytomes anaplasiques, présentant une récidive ou une progression après un traitement standard. Dans ce cas, le médicament est administré les 5 premiers jours du cycle puis arrêté pendant les 23 jours suivants (total de 28 jours)
Les effets secondaires possibles sont de nature digestive (nausées et vomissements), une augmentation du risque d’infections, une baisse des globules blancs et du taux de plaquettes.
LES MEDICAMENTS ACTIFS PAR VOIE INJECTABLE
LA CARMUSTINE - BICNU™
La carmustine, ou BCNU (pour Bis-Chloroéthyl-Nitroso-Urée), est un médicament actif par voie injectable.
Elle est active dans le traitement des tumeurs cérébrales malignes (glioblastomes)
La posologie habituelle est de 200 mg/m² administrés par voie IV, toutes les 6 semaines. Cette dose est habituellement prescrite en une seule injection, mais elle peut être divisée en 2 injections de 100 mg/m 2 administrées pendant 2 jours consécutifs.
Avec ce médicament, il existe un risque plus marqué de saignements.
LA FOTEMUSTINE - MUPHORAN™
Cette molécule est active par voie injectable de la même famille que le BICNU.
Ce médicament est indiqué dans le traitement des tumeurs cérébrales malignes primitives. Le traitement se déroule en deux phases à la dose de 100 mg/m² :
- Un traitement d'attaque comprenant 3 administrations consécutives à 1 semaine d'intervalle, suivies d'un repos thérapeutique de 4 à 5 semaines
- Un traitement d'entretien comportant une administration toutes les 3 semaines.
Comme pour la carmustine, il existe un risque plus marqué de saignements.
LE PROTOCOLE PCV
Il comporte une association de procarbazine J7 à J28, bélustine à J1 et de vincristine (J7 à J28. Il est administré de manière discontinue.
Les autres modalités d'administration
LA VOIE INTRA-THÉCALE
Elle consiste en l'injection de médicaments dans le liquide cérébro-spinal par ponction lombaire ou sous occipitale (ponction lombaire à la base du crâne).
LES IMPLANTS
Ce sont des formulations de carmustine (Gliadel®). Ce sont des pastilles correspondant à un polymère biodégradable imprégné d'une nitrosourée (carmustine) que le neurochirurgien place sur les berges d'exérèse dans la cavité opératoire. Cette chimiothérapie per opératoire ne peut être placée que si l'exérèse est complète ou quasi-complète.
La mise en place de Gliadel exige la preuve anatomo-pathologique préalable ou extemporanée du diagnostic de gliome de haut grade. Le Gliadel est homologué en première ligne et en cas de récidive.
Il y a peu de problèmes avec cette technique si ce n'est un augmentation du risque d'infections postopératoires mais n'affectent pas significativement la survie.
Demain...
DE NOMREUSES RECHERCHES...
De nouveaux médicaments sont en cours de développement et pourraient mieux franchir la barrière hémato-méningée et être ainsi plus efficaces.
Diverses techniques tentent d'interrompre temporairement cette barrière pour permettre la diffusion des médicaments dans le tissu cérébral.
De nouvelles façons d'administrer les médicaments sont à l'étude. Les médicaments peuvent être injectés directement dans une artère allant au cerveau ou bien ils peuvent être placés directement dans les ventricules.
D'autres procédés pour augmenter la puissance des médicaments, consistent à placer l'anticancéreux dans de très petits réservoirs et les placés directement à l'intérieur de la tumeur. Au contact de la tumeur, ils vont, sur des périodes assez longues, laisser diffuser le médicament qui détruira les cellules cancéreuses.
LE CAS DE L'AVASTIN™
Ce médicament anti-angiogénique est homologué dans certains pays. Les résultats obtenus sont contrastés.
LE VORASIDENIB (VORANIGO™)
C’est un inhibiteur d'IDH1 et IDH2 homologué pour le traitement des gliomes avec mutation de l'IDH après une intervention chirurgicale.
Les protéines IDH sont des enzymes métaboliques clés qui sont mutées dans divers cancers, y compris le gliome. En 2009, des chercheurs ont rapporté que les mutations de gain de fonction dans IDH1 entraînent l'accumulation de l'oncométabolite 2-hydroxyglutarate. En 2012, une autre équipe a montré que les mutations IDH conduisent à l'oncogenèse en entraînant des changements épigénétiques.
Les études de Phase-iii ont montré une augmentation significative de la survie médiane sans progression (27,7 mois dans le groupe vorasidenib, contre 11,1 mois dans le groupe placebo).
Les effets secondaires courants comprenaient la fatigue, les maux de tête, l'infection par le COVID-19, les douleurs musculosquelettiques, la diarrhée, les nausées et les convulsions. Près de 10 % des patients ont présenté une augmentation de grade 3 ou plus des taux d'alanine aminotransférase.
@ Pour en savoir plus, cliquez ici, sur « L’avenir ».
Avant la chimiothérapie, les précautions à prendre …
QUELLES PRÉCAUTIONS ?
Il est préférable d’éliminer toute source d’infection avant de débuter une chimiothérapie. La source d’infection la plus fréquente est dentaire.
Si votre traitement de chimiothérapie n’est prévu que dans 2 ou 3 semaines, vous avez le temps de faire examiner et traiter vos dents chez votre dentiste, avant de débuter.
Une prise de sang sera systématiquement réalisée avant la chimiothérapie pour s’assurer du bon fonctionnement d’organes essentiels pour le métabolisme et l’élimination des médicaments, tels que le foie et le rein.
Des examens peuvent alors être utiles pour vérifier que cet organe fonctionne de façon satisfaisante chez vous avant d’administrer le médicament. Ainsi, une échographie ou une scintigraphie cardiaque est souvent proposée avant d’administrer certains médicaments comme les anthracyclines qui peuvent être toxiques sur le cœur à des doses plus importantes que les doses habituelles.
CATHÉTER OU NON ?
Pourquoi ?
La chimiothérapie est souvent administrée directement par voie intraveineuse au moyen d’une aiguille qui est placée temporairement dans une veine du bras. Les médicaments de chimiothérapie sont injectés dans cette veine grâce à une perfusion. Une perfusion est une poche de plastique remplie de liquide et placée en hauteur pour que le liquide coule dans un tube de plastique fin et flexible (ou tubulure) qui relie la poche à l’aiguille de la veine du bras. Les médicaments de chimiothérapie sont soit dilués dans le liquide de la poche, soit injectés dans la tubulure par l’intermédiaire d’une seringue.
Les cathéters
Les cathéters extériorisés à la peau ont leur extrémité qui ressort à travers la peau, par une petite incision généralement située sous la clavicule, l’os qui relie le sternum à l’épaule. Ils sont installés sous anesthésie locale. On pose la perfusion directement au niveau de l’extrémité du tube du cathéter qui ressort.
Les chambres implantables n’ont pas leur extrémité qui ressort à travers la peau, car elles sont reliées à un réservoir ou chambre (Port-A-Cath™, Infusaport™, etc.) qui est inséré sous la peau. Le cathéter et la chambre sont implantés sous anesthésie locale ou sous anesthésie générale de courte durée. La chambre est mise sous la peau du thorax, au-dessous de la clavicule, généralement assez loin du sternum pour des raisons esthétiques. La chimiothérapie est administrée en piquant dans le réservoir avec des aiguilles spéciales.
TYPES |
CATHÉTERS À LA PEAU |
CHAMBRE |
---|---|---|
Nombre de tuyaux |
1 à 3 |
1 |
Maintenance |
Tous les jours |
Utilité mise en question |
Restriction d’activités |
Douche, natation |
Aucune |
Prises de sang |
Aisées |
Peu fiables |
Accès |
Externe |
Aiguille |
Débit |
Fonction du diamètre du tuyau |
|
Complications |
Possibles |
Plus rares |
Ablation |
Facile en ambulatoire |
Petite intervention |
Mise à jour
1er septembre 2024